Le PDF– Je n’ai pas envoyé de PDF – Le garde encore au chaud, pour moi. M’aperçoit en le relisant que tout prend sens comme si l’histoire, malgré les consignes, malgré les différents chemins, se dessine, malgré moi. Je suis arrivée dans ce cycle, presque par hasard, en retard, et en découvrant tout d’un seul coup. Happée par ce mouvement, cette énergie qui en découle. Mais il va arriver, bientôt, très bientôt.
Mes premières écritures – J’écrivais quand j’étais adolescente, puis j’ai laissé tomber. J’écris dans mon travail à partir de la parole des autres et depuis quelques années, j’ai pris l’habitude de participer à des ateliers d’écriture à Paris avec différents -es auteurs/autrices. J’ai écrit un ouvrage là-bas, qui se réécrit toujours et qui peut être ne sera jamais publié et peut être même que je n’en aurai plus besoin qu’il soit publié et peut être même que j’ai juste eu besoin de l’écrire….Je me suis frottée à différentes maisons d’éditions et j’ai eu de la chance d’écrire un long article pour l’une d’entre elles, qui a été publié, cela m’a encouragé, m’a donné envie de persévérer, même si on est nombreux, même si il y a du talent partout – Donc, nouvelle aventure, nouvelle écriture, tout est nouveau, tout est beau !
La joie – Mais pas complètement nouveau car je sens bien que le chemin qui se creuse en moi depuis tant d’années suit une trajectoire qui je me plais à croire arrive par hasard – Ou pas par hasard mais qu’importe, ce qui m’importe, c’est que le mouvement soit vivant, présent et que l’envie me fasses avancer, me pousse, me bouscule et fait jaillir la joie d’apprendre encore et toujours, jusqu’aux derniers jours. Joie à travers l’écriture, la lecture, le spectacle, le quotidien, joie d’être en vie, de s’exprimer, d’entendre les autres se dire, s’écrire, espaces de paroles, espaces de libertés.
La parole : Il m’est toujours important en collectant les gens et en restituant leurs paroles de rester au plus prés de la réalité (si réel il y a vraiment au moment de la réécriture, de la scénographie, du spectacle, mais ça c’est une autre conversation) et ça m’a toujours semblé primordial de respecter cela, sans y déroger, comme si, une trahison pouvait se faire en mettant un pas de côté. Bien entendu, je ne serai pas honnête si je ne m’avouais pas que dans mon travail, j’aime à sublimer les vies, et la mienne, mais quand même, j’ai toujours défendu que tout ce qui était entendu ou écrit était vrai – Je mets un point d’honneur même à dire que tout est vrai. Comme si dans le vrai, il y avait plus d’authenticité, quelque chose de plus touchant, quelque chose qui ne trichait pas. Evidemment, je ne sais pas si c’est mieux parce que c’est réel, je crois juste que le fait que les gens me donnent leurs paroles, fait que je ne peux m’empêcher de la respecter au mot près. Et lorsque je la restitue, je veux que les autres (les proches, le public) sache que ce sont de véritables paroles.
Dire et écrire : Je pense également que la parole est très importante pour moi car mes parents ne faisaient pas ce qu’ils disaient ou bien disaient des choses et trois jours plus tard, disaient le contraire et au fur et à mesure des années, de l’enfance à l’adulte que je suis devenue, leurs paroles ont perdu toute crédibilité à mes yeux et j’ai mis des années à croire à ce que l’on me disait. Bref, juste pour dire que je recherche constamment une parole véritable et je pense que l’acte d’écrire ou de collecter ou de dire sur scène est un acte de recherche d’une vérité ou de quelque chose de cet ordre. Et bien qu’être comédienne soit l’art de faire semblant et d’interpréter une histoire, il y a une sincérité à transmettre. Je trouve que dans l’écriture, il y a également un vrai désir de trouver les mots justes pour s’exprimer.
Ce que j’écris dans cet atelier : Ce que j’écris dans cet atelier est écrit dans une certaine urgence car j’ai voulu rattraper le temps et le train. Et dans cette urgence, les mots sont venus. Et dans cette urgence, le personnage se dessine, à travers ce que j’ai vécu, mais contrairement à quelque chose d’autobiographique, les consignes données m’emmènent complètement ailleurs de ce que j’écrirais si je me disais que j’allais écrire sur moi. Les consignes m’éloignent de moi même et cela fait un bien fou. Elles m’obligent à créer un » moi » qui n’est pas réellement moi mais une » elle » qui vit les choses à travers mes mots mais qui devient véritablement » elle ». » Elle » prend son essor et me dépasse. J’ai adoré la consigne des plusieurs voix qui racontent le personnage car tout d’un coup, ce pas de côté, n’a cessé de m’étonner et des personnages sont nés. C’est un mélange entre une réalité et beaucoup de fiction, avec pleins de mots qui jaillissent de moi mais à mon insu. Et je sais que je n’en serai pas capable sans les consignes, alors merci François.
Cet atelier : J’ai eu l’habitude dans les autres ateliers de travailler avec des groupes, soit en présentiel, soit en distanciel, mais toujours avec des temps d’écriture pendant les ateliers et des lectures à voix haute ensuite et des retours de chacun. J’avoue avoir été un peu déboussolée au départ par la forme de ce laboratoire, mais très vite, j’ai senti le vertige, le tourbillon qui m’emportait et la liberté de ne rien attendre, simplement d’écrire, face à des inconnus -es, de faire confiance sans connaitre, et surtout de ne pas savoir ce que je vais écrire. Je ne sais pas ce que va advenir de tout cela mais l’enthousiasme que cela me procure, l’envie d’écrire que cela me donne, suffit pour le moment pour continuer et me laisser surprendre par ce mouvement. J’aime aussi beaucoup lire les textes des uns et des autres, découvrir les univers même si il est difficile de tout découvrir, beaucoup de monde.
Ce que je n’ai pas encore écris ou que j’aimerais écrire : Je ne sais pas et c’est très bien comme cela.
Un vrai mouvement, ample et faste comme un tour de valse à trois temps, un essor qui procure un élan thermodynamique, oui juste la confiance d’aller dans cette eau agitée… je vous suis de loin, encore bien loin, mais à votre suite, avec la valse à trois temps !
Je vois des liens à faire avec les textes et la démarche de Cécile Bouillaud dont je viens aussi de parcourir une bonne partie des textes, il y a là je crois un fond commun, à creuser peut-être. Cette notion d’aller chercher la parole des autres. peut-être que l’exercice qui s’y rapporte est l’article de progression sur Laura Vasquez, cette parole qui se glisse dans le texte et qui y évolue entre narration et dialogue.