Strate des textes rassemblés : quatrième de couv ?
Une vieille ville portuaire en déclin, accrochée au-dessus du Pacifique. Un petit homme aux allures de gratte papier débarque. Il revient après une très longue et très lointaine retraite intérieure. Il revient pour la retrouver Elle, une dernière fois. Il revient comme un fugitif, en espérant ne pas être reconnu. Mais personne, personne dans la vieille ville portuaire ne l’a oublié. Il semble sur ses gardes mais ne réalise pas combien il est attendu à un certain tournant. Il croise une sirène, des marins, un vieux guichetier et ceux des bicoques aussi. On le laisse, dans la nuit, alors qu’il commence son ascension vers sa mort.
Strate des textes à écrire : teasing ?
Il faut maintenant envisager la suite. Il va sans doute encore croiser des personnages et des bestioles fantomatiques et peut-être un photographe. Il va finir par atteindre une vieille demeure sur les hauteurs. Des souvenirs vont sans doute l’assaillir. Il va la retrouver cette Elle, pour la dernière fois. Il va en baver et en crever. C’est une banale histoire de vengeance où l’on croise pas mal de poiscaille, de rats, de chiens jaunes et de fantômes errants.
Strate écriture au présent : protocole « faire un livre »
« J’adore la littérature et je ne cesse de la détester comme un paysan sa terre. »
Pierre Michon, « Le roi vient quand il veut » p 21
Devant le large écran du gros ordi, écouter les vidéos propositions en prenant bonnes notes dans le petit carnet. Compléter avec la page support du site puis lire les extraits liés. La nuit du lendemain, quand tout dort tout autour, casque assez fort sur les oreilles pleines de rock indé, ouvrir le traitement de texte gratuit libreoffice et écrire. C’est laborieux pour des textes jamais bien longs. S’enfoncer à en oublier la musique mais, quand elle revient, réaliser que la tension d’écrire se relâche. Alors, soit tenter de replonger soit décider d’arrêter. Les jours suivants, reprendre le texte initial, le corriger, l’étirer, le réduire, l’affiner, l’assouplir. En différé, revoir le zoom avant dernières passes de retravail puis relecture à voix chuchotée et relecture par la fin. Ensuite, avant le dimanche, propulser sur blog et rédiger en ligne le codicille – désormais aussi l’importance du pdf. Plus tard, lire les livres appuis ou ceux évoqués en lien avec la proposition, même si texte bouclé. Cette « approche de la littérature par la pratique ». Au début du cycle, s’interdire lectures des autres participant.e.s avant d’en avoir fini avec le sien. Et puis, après plusieurs textes accumulés, s’autoriser et s’aventurer à lire avant. Toujours très intimidé et de pas être à la hauteur. Aussi, cette surprise réitérée de recevoir un commentaire. Alors gratitude à vous qui prenez temps de lire et commenter. Sans parler de gratitude envers celui à l’origine de tout ça. À part vous, personne ne sait que j’essaye d’écrire, la nuit.
L7 codicille : tu réalises que tu as écrit plus long sur le protocole que sur le livre à faire. Ne pas trop en dire, pour ne pas se fermer de portes ? Surtout cette impression de pas assez fatiguer le texte. Écrire ici aussi ce sentiment coupable de triche. Depuis le début, on sait pour soi, qui sont ce Il et ce Elle. Ils trainent dans de vieux bouts de textes. Du coup plus facile d'avancer. Par contre pas envie de les nommer, pareil pour la vieille ville portuaire. D'où la reprise modifiée du prologue et le brassage des propositions pour le pdf.
Merci! c’est trop bien de savoir qu’on n’est pas seul.e à douter, à s’interdire des trucs, à avoir l’impression qu’on fait pas assez, ou trop, à avoir écrit plus long sur le protocole que sur « le livre à faire »… Moi aussi j’en ai fini pour cette semaine, vais tenter de découvrir vos textes. Bonne journée!
Avant que la #L7 ne nous tombe dessus, je me disais justement que mon PDF manquait furieusement d’une 4e de couv’… et que j’étais bien en mal d’en formuler une. Une seule. À l’issue de cette semaine de #Lè, je ne suis pas plus avancée sur cette question. Ton texte me redonne envie de me remonter les manches.
C’est rassurant de voir qu’on n’est pas seul à chuchoter dans la nuit. Merci pour ton partage et ton honnêteté.
Ah mais c’est formidable cette histoire de ville portuaire accrochée au dessus du Pacifique… Et la structure de la trame aussi… Tellement juste d’avoir évoqué cette « tension d’écrire », si difficile à convoquer.. Et bravo pour cet humour très réussi qui m’a fait rire 😊(^_^):D