Une visiteuse arrive dans une ville, un appartement. Elle y vient régulièrement, pour y voir une femme de son entourage : une femme âgée – ou d’un certain âge (sœur, tante, amie). Cette fois, elle fait le voyage à l’annonce de la mort de la femme. Écrire encore sur la traversée en bateau, dans la cabine. Préciser les liens qui unissent les deux femmes. Écrire autour de l’annonce de la mort de la femme (au téléphone).
Évocation de souvenirs du passé, anciens ou récents. Creuser la mémoire commune, remonter le courant (anecdotes, souvenirs, rires, reproches, se dire ce qu’il y a à se dire).
Les lieux : Ozoir, Férolles, la Hongrie, Nice. La mer, l’eau, les bateaux. Le soleil irradiant. Creuser le soleil, la lumière, les collines. Si ça se présente, développer la Hongrie. Comme chez Stephen King ou Éric Pessan, retrouver la légende du fantôme du manoir d’Ozoir, d’après le souvenir d’une promenade avec marteau ou hache à la main, pour se protéger du danger. Développer le rapport à la mer et au soleil / la mer qui sépare – ou relie, réunit.
La vie à la Villa Baie des anges : la piscine, les voisines. Curiosité, hostilité. Présence de la femme de ménage, seule interlocutrice au quotidien, à l’exception de la visiteuse. Une visiteuse pour le moment : peut-être d’autres à venir, sœur, amie ? Des femmes avec des enfants parfois : à développer. Développer la solitude de la femme. Qui voit-elle ? À qui parle-t-elle ? Évoquer les secrets (malheurs, deuils) sans les livrer. Confidentialité.
Le rapport à la mort. Récit d’une fin de vie. Goût de vivre mêlé à la hâte d’en finir. Quels souvenirs d’elle dans le regard ou la mémoire de la visiteuse ? Écrire encore l’enterrement. Écrire le dernier adieu, l’accompagnement, la dispersion des cendres.
Les êtres, les morts et les vivants, les liens qui unissent. Ce que contient une vie, ce qu’elle emporte avec elle – ce que seul le ciel sait. Banalité : par l’écriture, garder trace, pérenniser… quel autre moyen pour la mémoire ? on fait bien des listes de courses. Pas d’exhaustivité, que les secrets se reposent.
J’écris le soir tard, la nuit, ou la journée quand je vole un moment. Banalité : je manque de temps. La mer est à côté. J’écris sur ce qu’il y a de l’autre côté. On dit : il n’y que la mer qui nous sépare. On pourrait dire qu’elle nous rassemble. J’ai commencé ce matin le texte « paysage » : la vue sur les collines avec un bout de mer entre les arbres. J’ai écouté la proposition « lyrisme » : quelqu’un arrive dans un mouvement et ce sera la traversée en mer. La mer nous sépare, et la mort / la mer nous relie, et l’écriture. Deux fois que j’écris autour de la séparation par la mer, pour mieux me rapprocher. Perte d’un amour, perte par la mort. La mer, l’amour, la mort : c’est galvaudé et ça sonne comme un titre déjà pris. Mais je me demande à l’instant pourquoi ne pas mêler ces deux histoires en cours. Je ne l’envisageais pas du tout ; c’est venu là en l’écrivant. Ne rien brusquer. Garder à l’esprit que tout est possible, que toutes les portes sont ouvertes, y compris celles qui se dérobent. Je sais que je ne dis pas tout. Il y a des manques, des creux. J’attends, j’espère de nouveaux surgissements.
ce que j’aurais dû faire… me suis attaché à tenter la chose pour chaque proposition.. et c’était sans grand sens et trop morcelé – j’aime le parti que vous avez pris d »une réflexion sur l’ensemble, c’est beaucoup plus riche
Brigitte, ne jamais se comparer, c’est vrai encore davantage en écriture. D’abord, si l’idée vous semble bonne, il n’est jamais trop tard pour la tenter. Notre pdf est constitué d’une suite en constante evolution. Désolée, mais j’aime tant votre pdf, ça m’énerve ce commentaire de votre part. Continuer le Faire un livre surtout ! Belle journée
Troublant, je viens d’évoquer auprès d’Emmanuelle Cordoliani « Hongrie » d’Anne-Marie Garat, et me sens toute proche, avec la mer, les cendres, les fantômes …
Oui, on le voit le livre et il séduit déjà !
Claire, bonheur de te lire. Ce projet tellement évocateur. Go. Très envie
Ça avance bien on dirait. Oui, heureusement les histoires se greffent se relient souterrainement, sans nous et un matin on retrouve leurs fleurs dans un carré de choux.