Pourquoi cette écriture
Je suis venue dans faire un livre sans projet. Lorsqu’il a fallu que quelqu’un arrive quelque part, c’était une évidence, ce ne pouvait être que lui. Quant au quelque part, les possibles étaient. Celui qui s’est choisi m’a surprise. Ok, alors entrons. Et ensuite les voix qui m’ont fait entendre comme Sophocle compte. Le PDF ? Je l’ai fait sans y croire. François semblait vouloir qu’on essaie, alors j’ai tenté. On verra bien. Finalement j’ai vu que quelque chose affleurait, de ces ilots épars, comme un bout d’histoire, dans la continuité de mon recueil de l’an passé.
Alors j’ai écrit un peu plus pour trouver un certain La et mettre en ligne le manuscrit. Alors j’ai aussi compris, évidence épidermique, que si je devais faire un livre, ce livre reposerait sur le refus de raconter une histoire mais avec l’urgence de livrer des fragments, des arrêts sur image, des arrêtes plantées dans la gorge. Mais un livre peut-il refuser l’histoire ? Peut-il se soustraire à l’impératif du héros, au point A qui conduit jusqu’au point B ? Peut-il être lu s’il se tait surtout ? Peut-on aimer lire une livre qui garde le silence ? A défaut d’histoire, la poésie peut-elle suffire ? Ai-je vraiment de la poésie au bout des doigts et sur la langue ? C’est si facile de se tromper, de croire hors de tout réel. Je pense être, à vrai dire, dans une voie sans issue (néanmoins l’envie d’aller jusqu’au bout, au cas où).
Ce qui existe
Lui, existe. Reste à développer ses monologues intérieurs, ses perceptions, ses croyances.
Elle, existe. Elle doit se méfier de ne pas être trop, de rester à distance. N’être que fragmentaire.
Idajo, existe : j’ai envie de développer cette présence qui me plait.
Ce qui doit exister
L’actuel chapitre 12 « Archives.5 » doit prendre vie. J’ai envie de raconter cette autre arrivée quelque part.
Je ne sais pas ce que j’ai vraiment envie de développer de ce quelque part de l’actuel chapitre 2 « Une arrivée ». Le chien pourrait en faire revivre un autre. Un texte existe déjà.
Actuel chapitre 9 « Un départ » : que faire de ces terres-là ? Un parallèle avec son départ à elle sur ces traces. Bien sûr !
Séquences « Archives » : poursuivre ces voix sans nom, ni visage. Préserver ces regards anonymes comme venus de nulle part.
Où cette écriture
Je n’écris jamais. Je n’ai jamais écrit, ou presque (seulement l’année passée). Je n’ai jamais tenu de journal. Je n’écris pas en dehors de l’atelier. Je n’ai pas de routine, pas de lieu, pas de rite, pas de solennité, pas d’heure, pas d’état d’esprit, pas de geste. J’écris quand les enfants me parlent, quand ils jouent autour. J’écris à mon bureau, au fond du canapé, dans mon lit, dans les miettes du déjeuner sur la table. On m’interrompt avec une question, on me parle d’un projet pour le week-end, on me questionne qu’est-ce que tu fais ? J’écris un truc pour formule consacrée : je suis occupée mais le truc rend la chose éphémère, légère, sans enjeu je me place hors-jeu. J’enregistre le document Word comme on appuie sur pause puis me replonge. Je rêvasse à quelques mots et quand ils restent, que je ne les oublie pas alors je me dis qu’il faut bien alors les écrire. Là, je suis dans mon lit, location de vacances, Charente-Maritime, 23h30. J’ai un peu écrit ce matin (#P7) revenant d’avoir couru sous la pluie, avec un café dans un mug TOTAL, en attendant que ma transpiration cesse suffisamment avant de prendre une bonne douche. J’ai écrit encore un peu juste avant l’apéro ce soir, les pommes de terre épluchées à côté de l’ordinateur sous la tonnelle de la terrasse, jusqu’à ce qu’un Pineau remplisse mon verre. Je participe à un atelier d’écriture à mon pote de toujours. C’est drôle en fait, de jouer à écrire.
Il n’y a pas de règle, pas d’habitude, pas d’obsession et cela fait partie de ce que j’ai envie d’apprendre : peut-être prendre au sérieux mon envie de trouver les mots pour ne pas dire.
Mais c’est parfait !
quel optimisme de si bon matin! 😉
On a du mal à croire que tu n’as jamais écrit. C’est tellement bien parti.
J’ai beaucoup écrit de « notes au Président », de rapports, de diagnostics territoriaux, de demandes de subventions, … Un autre genre ;D
Merci Rébecca pour ces confidences qui donnent envie de te connaitre et de te lire – Bonnes vacances, écritures, vie, et tout et tout…
Merci à toi Clarence. Quel bel endroit cet atelier pour faire connaissance 🙂
Tu écris très bien et en plus tu viens visité la Charente-Maritime, le résultat ne peut-être que parfait. Bonnes vacances.
Ps: je ne retrouve plus une interview de J.M G. Le Clézio ou il racontait qu’il avait joué longtemps les écrivains, que pour lui c’était inévitable, à force de faire « comme si », on devient.
Ici que de paysages à croquer! Merci Laurent… Alors jouons autant que possible autour de François! 😉
c’est beau cette façon libre et nue de dire les circonstances de l’acte d’écrire : c’est comme regarder dans les coulisses
« j’écris un truc » : même formule, que je m’entends dire parfois 🙂
Merci Claire! Pas si facile d’admettre ou reconnaître vraiment, en soi, que c’est plus qu’un simple truc… Je butte encore contre ces 4 lettres, qui ressemblent tant à un tronc, épais solide élevé