- Recherches sur le dialecte (darija) algérien : mélange de français, d’espagnol, de berbère. Parlers urbains (hadri) : algérois, oranais, variétés est et sud, en parallèle avec le kabyle (langue berbère du nord) et le chaoui (famille amazighe, dans les Aurès). Petite liste de mots courants en darija. Ce logiciel Scrivener est bien pratique, et je n’en regrette pas l’achat.
- Vertige devant le déploiement des sentes documentaires (livres, documents, sites internet, films que je n’ai pas encore vus), qui renvoie à mon obsession de la totalité (me revient un souvenir du jeune bachelier en lettres, se disant qu’il devait TOUT lire avant de prétendre enseigner) et de l’accumulation compulsive de livres (partout où je vais, quoi qu’il arrive, je reconstitue une bibliothèque). Revenu en grande partie de cette obsession, mais reste, en sourdine, l’idée (comme un impératif kantien) que je ne peux me lancer dans une telle entreprise sans en connaître assez pour ne pas divaguer. Mais cela est faux : absolue liberté de la divagation, bien sûr. Là n’est pas le problème. L’enjeu pour moi tient aussi à la dimension réaliste et vraisemblable. Car ce projet (déjà secrètement baptisé, intitulé) est la quête d’un fantôme central, sur les silences duquel je me suis « construit », comme on dit. Où que cela aboutisse, cela restera de toutes les façons une fiction. Et cela rend justice à un très lointain texte sur le silence, écrit à 18 ou 19 ans, dont je ne mesurai pas les enjeux – long a été le chemin vers une parole qu’enfin je m’autorise pleinement. Fiction donc, mais nourrie de (quelques) faits vrais, ceux dont je me souviens qu’il en a parlé. Nourrie de lieux où il s’est rendu (et la reconstruction peut au moins s’appuyer à la topographie, aux photographies). Nourrie des actions qu’il a dû accomplir, vu le traumatisme et le silence que ces actes ont engendrés. Nourrie de témoignages nombreux, apparus depuis lors. Et le vertige qui me prend quotidiennement à lire, chercher, visionner, est aussi la seule voie pour accéder à leur écriture, comme un dépôt juste. Entreprise biographique, avec ses évidentes limitations, que la liberté d’écriture pourra peut-être surmonter, dont elle tentera de s’accommoder. Projet au long cours, comme on le dit d’un marin. Et je ne parle même pas, ou pas encore, de mon grand-père Aristide : terra incognita.
- Enjeu majeur : les langues. Langue maternelle, langues étrangères qui vous traversent malgré vous, sans que vous puissiez rien y faire, sinon devenir sourd. Langues, comme seule et véritable porte d’entrée dans une culture. Leurs sonorités, leurs graphies, leur pure étrangeté qui vous renvoie à un analphabétisme : exercice d’humilité, de dérangement. Faire apparaître dans A. (mon projet) ces langues rencontrées. Dans l’épisode de l’arrivée, l’arabe bien sûr. Puis les autres (scène d’un bivouac à écrire : espagnol, allemand, chti, italien, français.
- Gros travail sur mon nouveau site. Il s’appelle (depuis longtemps, c’est à l’origine un blog) L’Oeil a faim. Tracasseries sans fin sur la mise en page, le design, etc. Il reprend l’essentiel de mon ancien blog, et servira de laboratoire, en parallèle avec les publications du Tiers-Livre. Bientôt en ligne.
- Je ne puis encore me résoudre à mettre en ligne (PDF à François Bon) la nouvelle mouture #L8, l’arrivée en terre algérienne. Pas fini, pas content.