Réflexions actuelles autour de l’écriture : François Bon : « Quand la phrase titre est prête pour qu’on la creuse » ou le titre programmatique, j’aimerais pouvoir faire exister ce phénomène. Mais quelquefois, il se suffit à lui-même. Tout modeste exemple : Le soleil, quand il est là.
« Wong Kar-wai réécrit tout au montage » dit un acteur témoin lors d’une émission de radio. Dans le même sens que François Bon : accumuler de la matière et organiser après, façonner plutôt, après.
Godard, interview radiophonique très récent : « Tout ce qui est scénario est une dictature du sujet qui ne s’intéresse plus à l’objet ». (Je ne garderais que la 1ère partie de la phrase, la suite pour moi est moins claire, tant sujet/objet peuvent s’interpréter différemment.)
François Bon : « Grossir un détail encore inexploité » en chantant, encore mieux !
Relevé quelque chose comme : Le flou acquiert du volume, l’œil corrigeant. Sur Vigée-Lebrun, un invité sur Fr-Culture ce lundi 16 août 21. Valable pour la peinture oui. Pour un texte ?
« Ecrire c’est écrire déjà » cité par François Bon. Bataille ?
Conditions matérielles : je m’oblige à ne pas peindre ni dessiner, ainsi qu’à ne lire que ce qui me plongera dans la proposition, l’abondera, la nourrira, l’obsèdera. Et dès que le corps fait une pause, souvent quand à la sieste, au coucher, un mot, une phrase se lèvent à noter immédiatement, alors, dans le noir, sans stylo, sans papier, soit je vais en chercher à tâtons sans bruit (enfin…) et j’écris sur n’importe quoi sans lumière. Soit je me sers du téléphone, plus pratique : j’arrive au moins à me relire. Et les fautes non corrigées m’intéressent. (J’apprécie les notices mal traduites et un jour j’exploiterai ce filon poétique). Avant ça pouvait être quand je conduisais : j’attrapais un stylo et écrivait sur ma main. Parfois je me garais.
Synthèse de ce qui a été fait : L1/ Ce que voient les yeux du personnage : une ville, la nuit, pour la recherche d’un lieu tout au bout, et qu’il a connu L2/ Ce qu’il ne sait pas, c’est le bouleversement des lieux, la prolifération de la ville, [la disparition de ce qu’il cherche : le dire déjà ?] L3/ Il est seul, il veut l’être L4/ Eblouithèque L5/ A en tirer ce qui me tient à cœur : a) l’écriture du rêve : l’incertain, le flou, l’irréel, l’étrange, le brouillé, le confusionnel, l’enlisé, l’extrêmement lent, le lancinant, languide, le temps chahuté : sidéré, fulgurant, incohérent, à décrypter b) M’enrouler autour d’images, comme le fait tant Virginia Woolf L7 : point sur où j’en suis L8/ Chanter un bout de texte, détail à forer : pas encore. 9 : c’est documenter sans jouer ni détourner comme E. Pireyre : dommage ! (mais vais le faire). Je sais un roman où le personnage mis au placard traduit des modes d’emploi chinois de façon surréaliste, pendant que les usagers ne savent pas auprès de qui réclamer. J ’ai retrouvé « Le traducteur » de Jacques Gelat chez José Corti. Qui commence à changer une virgule, et comme il voit que personne ne s’en préoccupe, finit par écrire son propre roman. Je préfère l’autre, et je ne le retrouve pas car ce n’était pas tout le sujet de cette fiction, plutôt son début. Roman sur la vie absurde, le travail absurde, désillusion après des études, époque et genre Houellebecq. Cela dit, « A la ligne » vraiment fort ! Écrire sur les livres oubliés, déformés… un Japonais l’a fait, il fait des recherches pendant des années qui finit par se rendre compte que c’est son propre livre qu’il n’a jamais fait aboutir. Dans le même genre : de Bernard Quiriny : « Une collection très particulière », sur le livre et l’oubli. Fascinant pour moi.
Synthèse de ce qui voudrait se faire : (Si j’en dis toute l’étendue, je ne l’écrirai pas. J’en ai une idée, mais j’essaie de l’oublier, et si je l’abandonne, tant mieux.) Alors, plutôt, des ajouts sans ambition, sans clore l’histoire (le scénario est un ennemi, Godard) : un passage sur, un autre dans, un troisième avec… à faire.
On a envie à te lire, et à explorer ce foisonnement, d’aller piocher dans un recueil de nouvelles. Je lis en ce moment de courts romans de Philipp K Dick, cette façon de tisser une histoire folle toute pétrie de dialogues, qui court à toute vitesse, à partir d’une idée totalement absurde. J’aime cette gymnastique. Pourquoi j’y pense là ? Aucune idée.
J’y vois un lien effectivement, qui me raccorde encore à un autre auteur de fantastique SF : Terry Pratchett dont je retiens une histoire de morts dans un désert, qui jouent les cascadeurs dans des tournages de film à la ville voisine. Une des innombrables histoires du Livre du Disque-monde perdue dans la masse. Mais j’irai voir du côté de K Dick, merci de votre fine écoute en phase avec ce que je cherche !