Le nez collé tout près qui frotte presque la peinture abimée. L’odeur qui revient, mélange de toutes ces odeurs de porte : bois de pin, peinture, poussière, odeur d’haleine pleine, haleine d’épice et de fumée, de femmes grossières et jetées, une haleine de soirée. Les mains ne sont pas appuyées contre la porte, les mains ne font rien, elles attendent aussi. La rugosité du bois, et le bruit que cela fait quand on s’y appui. Le bruit qui part à une vitesse folle, qui traverse la pièce, qui se glisse sous le lit et finalement la réveille ? Non, il faut attendre. Connaitre cette pièce sans jamais y être rentré, savoir que le lit est de ces modèles standard un peu bas dont les pieds cylindré sont couleur bois, deviner le petit tabouret à côté de la fenêtre et le cendrier posé par terre de l’autre côté. Combien de temps encore, comme ça, immobile. Attendre un signal. Le vent serait un signal, le vent qui ne s’arrête jamais, prend des formes éphémères et court dans toute dans la pièce. La lumière serait un signal, elle projette des ombres de plantes immenses qui s’agitent et s’étirent au passage des voitures. La respiration du corps chaud qui attend dans le lit serait un signal. Le mouvement de la boucle de cheveux, la découpe du sein sur le côté. Les pieds qui amorcent un mouvement et le genou qui a presque cogné la porte. L’objet froid dans la main serait déjà un bon début.
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La toux qui reprend toujours, tout le temps. Le corps un peu ramassé, un peu de travers mais appuyé. Sur ce qui se trouve, ce qu’il y a, là, contre la tôle ou le bois. Les linges qui protègent du froid, les linges empilés et salis. L’odeur qui tient compagnie. Et la toux, encore. Et les yeux dans le vide vers le haut, vers rien là-bas, que le vide plat et calme de l’esprit qui s’en va.
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les feuilles et les écorces humides qui s’agrippent et qui collent et les jambes nues là étendues dans la nuit qui n’ont rien à y faire, qui auraient autre chose à faire que d’être la nues et humides dans l’humus et les fougères surtout la nuit et le haut du corps redressé droit et raide qui ne peux faire que ça de se tenir là droit et raide et que ces jambes qui ne répondent pas, qui ne répondent plus, et le froid et cette sensation de mouillé là sur les jambes sur la peau nue, ça ne trompe pas. On sait que c’est le sol là en dessous, on le sait parce que c’est humide, parce qu’il y a la lumière, là derrière, et ce bruit qui tourne à vide, là derrière, et toute cette nuit et le froid et les jambes nues et le torse raide redressé et le souffle qui siffle et les poumons qui crient. C’est quelque chose d’être là, d’être là et que personne n’entend que l’on crie.