Parfois la box déconne, le wifi se bloque, la connexion débloque, l’ordinateur raccroche. Ça n’arrive pas souvent, mais cette rareté-même fait perdre la patience. On s’énerve tout seul devant son écran, on agace son clavier de pressions rapides et saccadées, comme si les coups de doigt pouvaient tout arranger, on est préoccupé par le projet en cours, le projet, le projet, l’urgence décrétée, on ne peut plus avancer, on s’essouffle, on bouillonne, on est submergé par l’impuissance, on peste contre l’injustice, pourquoi moi, pourquoi justement à ce moment-là, on insulte la bécane, on lui grogne dessus, on donne des noms d’oiseaux au débit, au réseau, les paroles grossières traversent l’air plus vite que les ondes, on maudit le sort, on insulterait les dieux si l’on pouvait s’y fier.
On tente de respirer, de se concentrer sur une marche à suivre. On convoque la raison, on s’intime de passer à autre chose, d’attendre. Mais c’est ça le problème, on ne peut pas attendre, c’est ça le problème, il va falloir attendre, affronter la solitude, pire, l’isolement, seul, soi-même et son temps, sans recours à la machine pour se relier au monde. On se replie sur le portable. Ouf.
Le reste du temps (le plus souvent) on trouve ça normal que ça fonctionne sans anicroche, que d’un simple clic on dialogue avec un proche à l’autre bout de la terre, qu’un inconnu vous aborde de loin dans la blogosphère, qu’on ait sans discontinuité une fenêtre ouverte sur le monde, qu’on meuble ainsi sa solitude.
la force de ce etxte donné par ce on universel
On s’y retrouve
Merci Danielle, c’est ce que je cherchais, la non-personnification de mon narrateur / personnage. La difficulté de cette neutralité apparaît quand on veut développer, car on ne peut pas se raccrocher à son passé, à des anecdotes de sa vie, à un trait de caractère. Je cherche encore…