Se réveiller enfin — Elle ne sort pas bien de sa léthargie — Pas tout à fait — Il lui reste encore beaucoup de sommeil dans les yeux — Dans le dos — Dans les articulations — Derrière le front — Seule — Ne pas se lever encore — Elle reste blottie dans ce petit bout de lieu sur la Terre — Son regard va accrocher une tapisserie jaune pâle — ou bleu délavé — Ou quelque autre couleur entre les deux — Faite des deux — Elle fixe flou un ou plusieurs motifs — Le papier-peint — Elle effleure au passage une croûte pendue au mur de droite — À la va-vite — Une chasse à courre — Ou un paysage de forêt — Elle ne sait pas décider — Changer de position — Elle se met à genoux sur le lit — Voir le sol — Moquette passée beige — Ou lino gris perle — Ou quelque autres matière et couleur — Se demander où elle se tient — En cette matinée commençant voilée — Avec ses courbatures qui s’obstinent — Elle croit entrevoir les éléments de sa chambre — Persister dans un demi-réveil — Elle regarde le rideau de plastique neutre — À gauche de la fenêtre — Il sépare le coin lavabo du reste de la chambre — Rideau entrouvert — Laisse compter seize carreaux de faïence mal jointoyés — Elle ne distingue pas de bac à douche — Se rallonge — Tente d’atteindre les deux bords du lit — Avec ses bras écartés — Deux tables de nuit — Une avec la lampe — Au plafond une coupelle ancienne — Le plafonnier — Sur les murs latéraux deux appliques du même verre dépoli — Elle a probablement bien dormi — Elle n’a pas fermé les volets — Ne pas se souvenir d’aucun cauchemar — Se souvenir de rien — Pas encore — Le sommier est à ressorts — Inconfortable — Grinçant — Rude et trop mou à la fois — Sur quel partie du bourg donne sa croisée — Elle n’en sait encore rien — Rue triste — Sombre cour — Elle ne veut pas y penser — S’asseoir au bord du lit — Poser les pieds douloureux sur le sol — Elle est seule — Elle n’entend pas les ondes murmurées par les couloirs de l’hôtel — Commencer à imprimer sa nouvelle réalité — Tapisser sa boîte crânienne — De tout ce qui est neuf pour elle — Cette chambre ancienne et sans rien — Inspirer profondément — Se tenir sur ses jambes — Pas à pas longer la lisière de la courtepointe non défaite — Gagner le jour — Jeter un œil — Sa chambre donne sur la place — Peu animée à cette heure — Pas un bruit — Pas de rumeur — Rien — Elle s’étire — Elle va rester — Déballer ses sacs dans l’armoire faux rustique
( je suis passé aussi par là, lecture à rebours en cours) je m’attache à elle, au réveil ailleurs, sa solitude est pleinement vide, mais elle est aussi très sensuelle,