#L5 I Veniseplay

Langue onirique expressionniste en des paysages

sous malamocco les campus archéologiques subaquatiques s’étendent tels des champignons flottants balisés

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de deir ezzor  se répand sous ses yeux fatigués comme une flaque constituée à intervalles irréguliers de ces statues aux corps carrés et têtes à six yeux en provenance de Tall Birak se souvient d’elles surgissant au toucher qui le transportait en veillant à leur acheminement au musée de telle sorte que ses visions de poissons agonisants coriaces s’estompent de premiers plans laissent la place aux statues sur sa rétine archaïque hallucinée

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les traversées sur la lagune échafaudent des chœurs de voix proches lointaines que les mouvements de l’eau exaltent et soutiennent imitant la forêt du San Giorgio de Altdorfer de la même couleur solidaire que son chevalier petite trouée verte dorée face au dragon au milieu du paysage tous deux pour ainsi dire fabriqués dans le même brocart nuancé

éclairs de surréel vers des détours et mouvements intérieurs

les mains énormes des gondolieri et des commerçants s’agitent sans cesse devant ses yeux vitreux les mains appelantes implorantes circulent dans l’air et forment d’étranges arabesques boucles se découpant sur le ciel azur d’été les mains transfigurées des ciels baroques dissoutes ou sculptées des jugements derniers comme celui fantastiquement haut à venise du Tintoret à l’intérieur de l’église de la Madonna dell’Orto sestiere cannaregio tirait vers le haut ou bien vers le bas différents ciels d’ élus et de damnés remuent-elles vraiment à sembler se détacher des corps ascendants ou souffrants transbahutés ?

cosmogonies aux mille transformations de fils d’or

pour se réfugier dans leurs cabanes à peine érigées les enfants ont abandonné sur le côté leurs petits écrans de smartphone où de leur jeu VENISEPLAY surgissent des labyrinthes blancs dirait-on surlignés à la craie dominés par des individus masqués et des monuments en forme de rochers brillants aux couleurs changeantes fluorescentes

où l’eau ressort turquoise et le bruit du vent perpétuel amène à redessiner sans cesse le parcours physique des viuzze calli campi fondamenta prennent alors d’étranges tournures déjouent les imprévus par exemple l’Acqua Grande faisant surgir hors de son antre enfouis des pans entiers de l’oubliée metamauco lieu de naissance originel lagunaire immergé ou encore des jonas oublieux de leurs passés cédant sous un excès de sédiments monuments saccagés et courants forts détournés par les digues des grands fleuves

La mémoire l’oubli

après l’incendie de l’usine  sur le chantier d’artistes dans le noir de fumée des peintures ou le grain de papier chimiquement coloré foncé des photographies de Marguera évaporée se creusent des sujets de lumières éludent des fonds blancs de départ de mise en relief de leurs simples existences de lieux, édifices, individus où fiction et réalité se mélangent et chacune à leurs façons cède en des pas dirait – on de velours ouatés et silencieux

longe la béance laissée par l’incendie de l’usine pétrochimique de laquelle se dégage une autre respiration

comme se dessinent celles englouties ou sous des amas de pierres sentant le pétrole des terres d’Asie mineure la noire substance de la toile noire de poix, des photos sombres d’ où se seraient dégagés des sujets substrats de lumière poussières de lieux et de personnes alors qu’en d’ autres contextes la feuille blanche le décor vierge innocenté

A propos de sandrine cuzzucoli

Aime le temps suspendu en contemplant, lisant, dessinant, parlant, regardant le plafond, les visages, peintures, ciels.. Dans mes études passées mais encore présentes!: la littérature américaine, italienne, les beaux-arts, la traduction et d'autres choses depuis... Ecris en revue depuis environ 5 ans, dessine depuis plus, c'est un aller-retour constant un peu comme un Appel de la Forêt, le titre d' un des premiers livres de Jack London- que j'ai aimé!

5 commentaires à propos de “#L5 I Veniseplay”

  1. Le dernier terme semble effacer tout le prodige baroque comme un sable fin recouvre la toile… Superbe cette superposition d’architectures et les jeux vidéos associés quelle belle idée… Retour en esprit à des films… Et le roman de Mathias Enard aussi sur Michel-Ange à Constantinople … La Venise comme un temple renversé. Et le rythme adopté, l’alternance, catapulte du binaire/ternaire qui cadence les visions, où nous devenons des visiteurs d’outre-terre… Merci Sandrine !

  2. Un grand merci à vous Françoise! pour votre lecture et votre commentaire attentif….Cela semble etre un petit miracle de susciter des choses, des sensations, de faire penser à des lectures, des films….très touchée….vraiment….Merci! Et on se croisera ici !….

  3. Je lis la succession des textes à rebours sans trop réfléchir. Ici, succession de visions, chronologie éclatée, le goût du labyrinthe, certainement de la peinture. Ce côté « visions » et « surgissement » me renvoie à Cendrars et à Malaparte. Il faudra que je lise la version livre pour voir ce que cela donne sur une traite.

  4. Bonsoir Marion, merci beaucoup pour votre commentaire!… c’est vrai je me reconnais dans vos termes de visions et de surgissements, c’est un peu comme cela que l’écriture pour moi prend forme….quant aux références littéraires, etes-vous sure?=…En tous cas elles sont très flatteuses…. un grand merci encore!….

    • ha je n’ai pas dit que c’était comme Malaparte et Cendrars! Il y a des familiarités, des cheminements peut-être similaires