De Kafka: le Journal. Progression vers le partage des ombres. Il a « secondé le monde ». Des pantomimes (de nous autres humains) à la mystique et à l’exploration spirituelle. Le saint tutélaire de la littérature?
De Nathalie Sarraute – Le planétarium. Écrire ce qui va de soi, de ses trous, que l’on essaie de combler mais plus on essaie de les cacher, plus on les voit, même si personne ne peut les distinguer à l’oeil nu. Écrire l’imperceptible et la violence, la parole qui adoucit et le silence qui tue.
De Virginia Woolf – Les Vagues. Car la littérature dépeint de l’intérieur les flux et reflux, ces ondes qui nous emplissent, s’amplifient puis qui s’en vont.
De Zola – L’Assommoir. Pour la chute du toit, la première fois, adolescent, que j’ai touché du doigt le style de l’écrivain.
De Fantomette – tout. Car tout est permis. Les amis, les déguisements, les aventures.
De Milan Kundera – L’art du roman. Ou le roman vu comme une pièce musicale, avec ses harmonie et et mélodies, avec ses parties, ses refrains, son art de la répétition et de l’évolution…
De L.F. Céline – Le voyage au bout de la nuit, Mort à crédit. L’âme dans sa solitude dans sa crasse dans sa maladie dans son travail de fourmi ouvrière, l’âme des tout petits, des plus humbles, des plus improbables corps, avec l’énergie d’une langue qui veut crier et vivre.
Jim Thompson – Nuit de fureur, où le corps se décompose à mesure de la lecture, où l’écriture s’enfonce dans le mal et la mort gagne.
De Virginie Despentes, James Ellroy, Hélène Frappat, regards échangés, dans la rue, lors d’une rencontre à la fnac, ailleurs. Les yeux droits dans les yeux, fixes, curieux et sans jugements, mon âme photographiée en un instant, et cette photo développée devant moi. Croyance chamanique? Certainement. Sentir son âme rencontrer une autre âme. J’ai vu, aussi, chez eux, la folie autorisée, enfin, celle de pousser la langue.
De Robbe-Grillet. Le Voyeur. J’étais enfant, l’institutrice nous avait fait une explication de texte du début de ce livre, une description géométrique, qu’elle avait comparé à un texte de la littérature plus classique. Elle nous avait prévenu que l’on ne comprendrait rien. Des années plus tard je suis retombé sur ce même texte. Son explication, sa douceur m’était toujours restée.
De Beckett – Le Dépeupleur. Séjour où des corps vont cherchant chacun son dépeupleur. La langue détruite, les corps terminés, inachevés et pourtant finis, le monde perdu dans ce qui lui reste, c’est à dire plus rien. La haine des lieux communs, des mots faciles. Détruire, dit-il.
De Ponge – La fabrique du pré. La poésie au travail. L’oeuvre des mots, l’oeuvre des lettres, construire, dit-il.
Merci de ce partage, qui résonne beaucoup en moi : vous citez des auteurs et/ou des titres que je n’ai pas mis dans ma liste (respect des consignes !)…mais qui ont aussi beaucoup compté.
Merci pour votre commentaire! Oui nous avons des auteurs en commun – j’aurais aussi aimé citer l’Homme qui dort et Michaux, comme vous!…