Des Mille et unes nuits : le foisonnement, le merveilleux, la cassure, l’enchevêtrement, la continuité, et le tissage, laissant en soi pour la suite le rythme et la trace du conte.
D’Hoffmann, l’Homme aux sables, les Mines de Falun : parce que le marchand de sable n’est jamais celui que vous croyez et pour l’amertume, la lumière et l’obscurité au fond des mines.
De Camus, l’Etranger : pour la sensualité brute, pour le soleil, pour le métal et pour la mer.
De Verlaine, les Poèmes saturniens : l’écho des choses disparues, l’atténuation, la fadeur, l’évanouissement.
De Dos Passos, Manhattan Transfer : la manifestation de la ville, la juxtaposition des perceptions et l’art du collage, le livre monde comme tout baroque assemblant tous les matériaux, le bruit des klaxons et les affiches collées au mur.
De Conrad, Lord Jim : la noirceur et la poix et ce personnage central que chacun tente de saisir à sa façon par petites touches, discours croisés autour d’un objet fuyant, personnage insaisissable perdu pour lui-même et pour les autres.
De Rilke, Les Carnets de Malte Laurids Brigge : la porosité, l’absence de frontière entre le dedans et le dehors, la mort et la vie, c’est au fond de soi que le tramway résonne, le visage reste collé entre les mains d’une femme penchée, le non visage offert à tous, et la folie est familière.
De Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être : le roman choral, les personnages comme des notes, le caractère lancinant, le rejet du kitsch, le mordant, l’ironie et la noirceur de la littérature tchèque de l’occupation à l’ère post-soviétique.
De Céline, Mort à crédit : la marche, les façades, la banlieue parisienne, l’écriture parlée, la lecture à voix haute, la hargne et la douceur.
De Cendrars, je ne sais plus lequel : la légende, l’écriture en marchant, la flânerie, le goût du détail, de l’anecdote et de la couleur, la rocaille et la chanson.
D’Asimov, Fondation : la cohérence, les dialogues, la place de l’histoire, le pluridisciplinaire, le croisement, l’élargissement, l’embarquement immédiat
De Jean Ray, les contes du whisky : l’absurde, la psychose joyeuse, les reflets de bois et d’alcool, et les bruits assourdis par l’eau, et parce que certains d’entre nous ne sont pas des hommes, mais bel et bien des saumons.
De Georges Simenon, mais lequel ? : les quais, le poisseux, la nuit, les franges, la précision, le goût des lieux, de la rencontre et des atmosphères.
De Jean Henri Fabre, Souvenirs entomologiques : la minutie et l’envolée, des choux aux cétoines dorées, un banquet tendre plein de chair et de bruissements d’ailes.
De Sebald, Austerlitz : un monde tout en strate où les temps se choquent, se mélangent, où les personnage vont, viennent, poussent et refluent, vivants certes mais vivants comme peuvent l’être l’arbre ou la mer.
ah oui Sebald fait partie de mes remords
ah oui Jean Henri Fabre n »y aurais pas pensé mais aurais pu, Conrad aussi
C’est encore possible Sebald, quand l’automne arrive.