de Camus : l’Étranger. Infinie marche éblouie au milieu du soleil jusque dans le four des cris – des mots fous d’errance désincarnée une vie dépouillée jusqu’à l’effarement, dénudée à l’os posée au bord du monde éternel et indifférent. Être parlé comme un poisson dans les mailles du filet – malgré et en dépit – S’y tenir absent jusqu’au vertige. Parler l’être défait du monde.
de Tabucchi : Nocturne indien – Infinis miroirs des rêves de soi – Écrire léger comme des voiles aux fenêtres ou le fragment d’un regard – labyrinthe d’interstices et d’ombres. Ne pas chercher au-delà. Ne pas s’alourdir. Flotter sur la pointe des pieds.
de Jules Verne : 20 000 lieux sous les mers. Les gravures monstrueuses et tentaculaires – les titres de chapitre. Inventaire dans un rectangle bleu-vert et son sceau de lettres gothiques flamboyantes comme des armoiries. Lien avec la monstruosité de vouloir épuiser le réel ?
de M. Butor : La modification. Tout ce que le vous ouvre.
de A. Cohen : Belle du Seigneur. luxuriance débridée des mots déluge des mots qui emportent – noient – soulèvent – fabriquent la démesure et l’enfermement.
de Faulkner : Lumière d’Août, Le bruit et la fureur, Si je t’oublie Jérusalem etc… entre autre, pour comment tout participe de ce qui arrive, entre autre, pour les grincements chaotiques d’une charrette lente, entre autre, pour un visage né dans une flaque, entre autre, pour les filles prisonnières dans le miroir entre autre, pour le monde hiéroglyphe, crocodile ou serpent gravé dans la matière de l’écrit, entre autre…
de M. Lowry au-dessous du volcan pour lire trois fois d’affilée et recommencer les tours de grand-roue dans l’œil du cheval mort, pour les vapeurs délirantes des jardins abandonnés pour la tequila pour le nom Oaxaca pour l’inépuisable pour se perdre – emporté.
de Larousse mon premier dictionnaire pour les mots-images vanille-fraise l’étal de pommes le grand chapiteau rayé du cirque les crabes rouges vifs sur la plage jaune l’odeur de pipe et les genoux.
de Levé : autoportrait, découvert comme bien d’autres grâce à F. Bon. Plonger remuer grappiller rouler dans les mots miettes de soi comme agiter les doigts dans un sac de bille.
de C.Liscano : le fourgon des fous, au bout de soi au bout de l’impossible une nuée de mots s’élève, un envol de plumes pour se sauver de tout.
de A.Baricco : Noveciento pianiste, parce que le monde est trop grand le désir trop puissant et qu’il faut écouter jouer du piano raconter… pour ne pas s’y engloutir goûter revenir.
de F. Bon : c’était toute une vie (entre autre – le premier que j’ai acheté !) parce que « Son histoire est à lui s’il veut de lui donner ce grand claquement des mots par quoi l’émotion se fait monde. » et d’explorer encore et toujours les manières de se faire monde et tous leurs remous et claquements.
de L. Kaplan : le livre des ciels parce que dedans-dehors-dedans-dehors sans y penser comme la petite fille à cloche-pied.
de R. Linhart : l’établi. Sec comme ce que les hommes se font
de Mario Vargas LLosa : les chiots – comment les mots ça te bascule une autre façon du dedans-dehors
codicille : c’est injuste c’est sommaire c’est provisoire c’est inégal c’est précipité c’est non-classé (la semaine va être chargée !) c’est l’occasion de d’entamer poursuivre prolonger un tour détour de mémoire mais aussi de bibliothèque et puis me demander mais elle / lui là qu’est-ce qu’il m’en reste, comment en parler ? – quelle trace laissée ? et me rendre compte fréquemment d’une première empreinte visuelle – parfois rattachée à un souvenir d’illustration, parfois un « image » surgie de la lecture (comprenant éléments visuels – sonores – sensations), parfois encore une impression générale – une sorte de « bruit » informe et continu de lecture comme d’entendre la pluie sur une toile de tente ou un toit de tôle, et avec ce bruit d’ arrière-plan, laisser un peu du roulis monde entrer en moi, ou bien parfois une déchirure, un saisissement. C’est encore sortir le livre de la rangée, le feuilleter, tomber sur des passages soulignés, sourire, flotter suspendu, oui c’est possible.
Merci . Beaucoup de titres partagés . Entre autre le livre des ciels que je n’ai pas cité dans mon ébauche de sentimenthèque mais qui m’a aidée à vivre un peu mon désir d’écrire.
ah j’irai voir votre extrait de bibliothèque !
Merci pour cet extrait de chantier en cours ; j’ai eu plaisir à retrouver certaines de mes amours 🙂 : commencer par L’étranger, déjà quelle ouverture ! Et puis heureuse de trouver « les chiots » et « Noveciento » – découvert dans un festival de lecture avec un comédien et un saxophoniste – et « Belle du seigneur… Votre texte m’encourage à me lancer
faut se lancer sans hésiter c’est la seule manière d’avancer ! J’irai vous lire !