De George Sand, La petite Fadette ; parce que, au collège, il faut bien lire autre chose que Oui-Oui, Poly, Le Club des 5, Les Six Compagnons ou Alice Détective, vous comprenez l’année prochaine elle sera au lycée, il faudrait qu’elle lise… Lire avec le sentiment de lire enfin un vrai livre (comme si tous les autres auparavant n’en étaient pas), un livre de grande. Oui, mais un besson c’est quoi ? T’as qu’à chercher dans le dictionnaire ! Lire alors avec un dictionnaire à proximité et ne plus jamais quitter la proximité du dictionnaire
De Bernard Clavel, La maison des autres ; ma grande patience de lectrice a commencé avec La maison des autres et l’envie de lire avec boulimie les trois tomes suivants
De Guillaume Apollinaire, Alcools ; et s’enivrer de poésie. S’affranchir du passé et de la ponctuation, s’alléger en quittant le lourd pardessus qu’on a l’impression d’avoir enfilé et qui pèse sur les épaules à la fin de la scolarité
De Marguerite Duras, L’Amant ; à pas dix-sept ans lire l’amant sans rien connaître de la chose ni de l’amour, puis tous les autres Duras. Se sentir et devenir femme
De Lise Benincà, Les oiseaux de paradis ; sans savoir qu’un jour ça m’arriverait et que l’absent se manifesterait sous la forme d’un oiseau
De Rosa Montero, L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir ; rencontrer Marie Curie dans des extraits du journal qu’elle tient après la mort de Pierre Curie, dans ce roman que l’autrice écrit alors qu’elle-même vient de perdre l’homme qu’elle aimait. Les fils de chaîne et les fils de trame se croisent et je m’efforce de tisser à présent une toile serrée dans laquelle les mots s’accrochent ou bien tombent dans les trous
D’Ugo Bienvenu, d’après le roman de David Vann, Sukkwan Island ; je retiens « Ta vie s’est arrêtée quand tu es mort. Mais des choses vont continuer à m’arriver à cause de ça ». Il y avait plus joyeux à lire après ta mort mais l’adaptation graphique en noir et blanc m’a plu ainsi que les traits qui dessinent un paysage moins hostile que le cœur des hommes
De Jeanne Benameur, De bronze et de souffle, nos cœurs ; traverser en apnée une nuit d’été et marcher en traçant des mots surgis d’une forge intérieure, des mots tus, des mots cousus, des mots enracinés, des mots que l’on voudrait dansés quand le langage arrache les mots à la chair par lambeaux
D’André Du Bouchet, Ici en deux ; marcher encore pour ne pas tomber tenir debout écrire jusqu’à me faire étrangère à ma propre langue et tenter d’atteindre le monde dans les interstices
D’Hélène Gaudy, Un monde sans rivage ; l’écriture se tient tout entière enroulée dans un rouleau de pellicule photographique, y déchiffrer des vies jusqu’à complet effacement et penser qu’il reste les mots pour ne pas oublier
(en tout cas, c’est bien plus joli, sédimenthèque, je trouve) (je le garde et j’intitule aussi) (merci) (penser à l’enregistrer) :°)