- De Ernest Hemingway, Le vieil homme et la mer. Pour les récits de mon père entre deux murs a-parents, la méritocratie de Bourdieu et les souvenirs à la Big Fish. Les histoires ont peuplé mon enfance avant d’avoir une bibliothèque où les ranger. https://youtu.be/p4VWC7ViJsE
- De Jostein Gaarder, Le Monde de Sophie. Interrompu à la page cinquente-trois. Pour la raison que l’on rappelle et les questions en suspens remplaçant les contes russes effrayants. Pour les promenades à répétitions et les pauses de ma mère entre les lectures. Pour son pouce qui se tend bizarrement en cachant les lettres, pour sa voix dans mon oreille. Et les jours d’après à base de pupitres vides et de bagatelles importantes.
- De Georg Lukàcs, La légende du roi Midas. Pour les histoires en miniatures qui grandissent avec l’envie de voir le monde plus grand. Pour le chant de la vie et la musique du torrent du reclus.
- De Jorge Semprun, L’écriture ou la vie. Parce qu’il a choisit.
- De Daniel Kayes, Des fleurs pour Algernon. Pour l’odeur des boulangeries, les labyrinthes de la perte de soi et les embranchements des normes biologiques.
- De Haruki Murakami, Le passage de la nuit. Pour les insomnies passagères et la sensibilité des phrases. Pour les détails et la magie humaine de l’anodin. Pour la surprise des rencontres inespérées.
- De Romain Gary, La vie devant soi. Pour trouver une direction de vie, vie qui ne nous appartient pas. Le cœur s’arrête, parfois, de battre sans prévenir et les escaliers sont rudes à grimper. Parce que rien n’est blanc ni noir et pour la simplicité de dire les choses.
- De Martin Winckler, L’école des soignantes. Pour l’amour de la pédagogie. Pour l’éthique, les inquiétudes banales. Pour le pas-encore des histoires ordinaires. Et parce je suis de celle, j’ai la ténacité d’être une femme.
- De Walter Benjamin, Enfance. Pour celui qui déconte la bouche pleine et celui qui sait mettre en perspective les moments de la vie. Pour ceux qui m’ont appris à ne pas mettre d’eau dans ma bière.
- De Anton Tchekhov, Les trois sœurs. Dans le canapé en cire marron qui s’enfonce. Pour la mienne: nous pouvions jouer à être tous à la fois. Pour les imitations qui étaient plus drôles que nos rôles du quotidien.
Codicille Les histoires rencontrées ont grandi les années de mon enfance. La question du genre s’est posée assez tôt mais, dans un souci d’honnêteté, j’ai préféré respecter mes « mythes » personnels. Ce sont des vérités dans des mensonges, des bouts de reconnaissance d’une humanité partagée. De plus, la sensibilité et l’attention que l’écriture interroge sont, peut-être, politique, au-delà du genre et de la culture dominante. C’est en sachant d’où l’on part que l’on peut savoir comment se mettre en route. Merci pour la lecture.
J’ai trouvé beaucoup de paix, de sérénité à lire cette sentimenthèque, comment un sentiment profond, apaisé. Elle donne envie de s’y plonger.
Je te prêterais ma bouteille à oxygène ou un tuba alors. Une fois qu’on y est, on a envie d’y rester un peu plus longtemps pour profiter du paysage.