Depuis un an je propose sur mon site une série de lectures que l’on peut écouter sous la forme d’un podcast diffusé tous les quinze jours : en lisant en écrivant.
Le titre de ce podcast est tiré du livre de Julien Gracq publié aux éditions José Corti : en lisant en écrivant. Il est vrai qu’« on écrit d’abord parce que d’autres avant vous ont écrit » comme le rappelle Gracq dans son ouvrage, mais c’est surtout que depuis l’apparition du Web, la lecture et l’écriture se font désormais sur les mêmes outils numériques et s’enrichissent continuellement l’une l’autre, gommant progressivement les distinctions entre auteur et lecteur, renforçant le dialogue entre la lecture et l’écriture.
Le choix des lectures ci-dessous est lié à mon écriture, aux textes sur lesquels je suis en train de travailler. C’est pour cette raison que j’ai dressé cette liste de dix livres récents qui forme une bibliothèque d’idées, d’images et de pistes de travail.
Comme la chienne, de Louise Chennevière : le récit fragmenté, éclaté, polyphonique où les femmes prennent la parole, dans un nous explosé.
La fabrique du rouge, d’Ariane Jousse : le labyrinthe dans lequel s’égarer, perdre ses repères, ces chemins qui se déplacent en même temps qu’on les emprunte.
Le Scribe, de Célia Houdart : va-et-vient, entre deux lieux éloignés afin de saisir la cohabitation de la beauté et de la violence du monde.
Les enténébrés, de Sarah Chiche : plongée vertigineuse dans toutes ces folies individuelles sur lesquelles l’immense folie de l’humanité vient heurter, les guerres, la barbarie, la colonisation, les migrations, les unes entrant en résonance avec les autres.
Le grand vertige, de Pierre Ducrozet : la fable écologique se transforme en roman noir mêlé d’espionnage, le tout agrémenté de machinations politiques dans une écriture polyphonique qui parvient à restituer avec justesse « des temps pulsionnels d’accélération. »
Histoires de la nuit, de Laurent Mauvignier : en une seule nuit dans un huis clos, étouffant, dur, entre des personnes tiraillées par la haine, dans un édifice dont on ne voit l’ensemble qu’à la dernière page.
Coupe-le, de Corinne Lovera Vitali : monologue poétique dans le flot, en apparence désordonné, d’une prose cadencée qu’aucun signe de ponctuation ne vient interrompre, restituant la complexité du désir, d’un rapport à soi décomplexé, la conquête de sa liberté.
Les paysages avalent presque tout les fragments, de Maxime Actis : accumulés au fil d’une errance à travers des paysages, récit morcelé en autant de moments que de lieux parcourus, les souvenirs surgissent en marge, dans leur effacement même.
Toni tout court, de Shane Haddad : la journée d’une adolescente, alternant l’emploi de la première et de la troisième personne, mêlant les voix de ceux qu’elle croise ou qui émergent de ses souvenirs, dans un flux de pensées et de sensations.
Le neveu d’Anchise, de Maryline Desbiolles : le personnage s’échappe quelques heures du purgatoire familial et part se dépenser à grandes foulées sur les hauteurs du village où il aime se réfugier dans cette maison à l’abandon en voie de démolition qui lui ouvre l’horizon.
Très beau travail de lecture. Je n’ai pas tout écouté entièrement. Seulement « La fabrique du rouge » et « Le neveu d’Anchise » en entier. Captivée par ces 2 lectures ; les autres en pointillé. Magnifique entrée dans les langues. Merci.
Merci beaucoup Louise, très heureux que ces lectures vous plaisent. Il y a de nombreux échos entre les deux titres que vous avez écoutés. N’hésitez pas à vous abonner au podcast, j’essaie de présenter tous les quinze jours des voix contemporaines très variées qui pourraient vous plaire.
Je vais voir ce podcast…
Je vois que j’ai raté des podcasts ces derniers temps! Je vais rattraper mon retard… Et merci pour vos lectures de ces textes où je n’irais peut-être pas spontanément, ainsi que pour la voix!
Merci Solange, j’essaie de varier les genres et les lectures dans ce podcast et je suis très heureux s’il permet cette découverte d’autres voix, d’autres formes, d’autres récits.