Dans la solitude de mon enfance, les livres ne m’ont jamais laissée tomber : ils m’ont câlinée, consolée, m’ont prise par la main pour partager leurs aventures, m’ont fait rire, pleurer, vibrer, montré le chemin… Lien indélébile, indéfectible, insubmersible. De Jim Harrison à Keigo Higashino, en passant par Victor Hugo, Italo Calvino ou Robert Louis Stevenson, j’entretiens un dialogue permanent avec celles et ceux devenus des amis fidèles au fil du temps, toujours là, toujours prêts à s’embarquer sur les routes de l’imaginaire vers cet ailleurs connu de nous seuls. Un glissement de doigt sur une page et hop, la magie opère. A chaque fois.
l De Joseph Kessel, Le Lion : pour cette réserve foisonnante de vie au pied du Kilimandjaro, et l’amitié entre une petite fille et un grand lion aux yeux d’or. Rencontre entre l’innocence de l’enfance et la vie dans sa palette la plus large, parfois douce, parfois sauvage, parfois brutale. Mais toujours puissante. De ces rencontres qui font grandir.
l De Robert Louis Stevenson, L’île au trésor : pour cette quête à l’autre bout de la terre, par vents et marées, où le vrai trésor se cache dans la découverte de soi à travers des qualités telles que la loyauté, la bravoure et une bonne dose de confiance. Invitation à rester droit dans ses bottes, garder le cap, quelles que soient les tempêtes traversées… Et aussi, à s’entourer des bonnes personnes. Belle leçon de vie.
l D’Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes : pour l’aura de mystère et de poésie qui flottait, flotte et flottera toujours autour de ce récit qui trouve un écho dans Sylvie, de Nerval. Je me suis perdue avec délice dans cette étrangeté sans fin, espace vaporeux sans contour dans lequel la frontière entre monde réel et monde fantasmagorique n’existe plus. Comment ressortir indemne après une telle expérience ? Je n’ai toujours pas trouvé la réponse.
l D’Italo Calvino, Le Baron perché : pour l’esprit rebelle du héros, Côme Laverse du Rondeau, qui décide, un beau jour, de grimper dans un arbre et de ne plus en redescendre. Pied de nez aux convenances et liberté assumée, revendiquée. Osé, déjanté, provocateur. Un vrai bonheur pour qui souhaite prendre un peu de hauteur…
l De Victor Hugo, Notre-Dame de Paris : pour l’immense émotion ressentie à la toute fin qui contient en un mot le récit en même temps qu’il le pulvérise. Je vous laisse retrouver lequel…
l De Jack Kerouac, Les Clochards célestes : pour la pensée bouddhiste qui éclaire la route du héros – et la nôtre aussi – sur toute la longueur du récit. Je me suis laissée emporter dans cet univers au parfum d’encens, véritable quête spirituelle où l’âme prend toute sa place. Lumineux.
l De Jim Harrison, Dalva : pour cette saga familiale qui nous tient en haleine sur plusieurs générations et la petite histoire qui rejoint la grande à travers la violence faite aux peuples amérindiens. Bouleversant.
l De Craig Johnson, Tous les démons sont ici : pour son lien étroit avec les Amérindiens – encore une fois ! – dont l’histoire et le destin me tiennent à cœur, à travers notamment le personnage de Virgil dont on ne sait pas vraiment s’il est vivant ou mort. J’aime cette atmosphère fantastique où les contours de la réalité sont flous. Mention particulière à la fin, avec cette bague en argent, turquoise et corail, dont le mystère n’est connu que du shérif Longmire… et de nous ! Petite satisfaction à être dans le secret des dieux alors que cette information n’est pas révélée aux autres personnages de l’histoire…
l De Keigo Higashino, Les miracles du bazar Namiya : pour son incursion dans le fantastique et ses constants aller et retours entre passé et présent. Un petit bijou qui rend tout chose par sa belle leçon d’humanité, d’humilité et de résilience. Un voyage au Japon qui vaut le détour !
l De Jim Morrison, Wilderness : pour l’immense poète qu’il fut à travers ses chansons et ses carnets, et surtout surtout pour sa vision de la poésie. « La vraie poésie ne veut rien dire. Elle ne fait que révéler les possibles. Elle ouvre toutes les portes. A vous de franchir celle qui vous convient. Si ma poésie a un but, c’est celui de démultiplier les sens ». Et vous, quelle porte allez-vous ouvrir ?
Bien belle bibliothèque. Je me promène à l’ombre de ces arbres, moi aussi, quelques fois. Et c’est vrai, chaque fois, hop, la magie opère.
Merci JLuc, pour l’image des arbres, je prends, elle me parle !
Merci pour cette version du Lion de Kessel que je partage aussi, même si je l’exprime autrement. Et le baron perché!!! Je retiens de votre liste toute la poésie qui se dégage de l’amitié que vous portez à toutes ces œuvres… Merci.
Merci, Géraldine, pour votre lecture. Les livres sont, à bien des égards, mes meilleurs amis.
« De ces rencontres qui font grandir. » C’est très vrai. Après votre commentaire de la sentimenthèque de Jean-Luc Chovelon, je ne suis pas étonnée de croiser ici Italo Calvino. J’aurais pu mettre les cinq premiers livres de votre liste, j’ai presque failli pour certains. Comme je ne connais pas (ou n’ai jamais lu) les suivants, cette correspondance de vibrations de lectrices me donne envie de les découvrir. Merci !
Merci, Laure ! J’aime bien votre expression « correspondance de vibrations de lectrices », je m’y retrouve. C’est en effet très agréable de se sentir des affinités littéraires avec d’autres personnes de ce groupe : personnellement, ça me nourrit et ça me donne envie d’avancer. Du coup, je suis moi aussi très curieuse de votre sentimenthèque…