Lorsque vous vous adressez au bureau des transports réels par portage, vous ne signez rien. Vous êtes seulement amené à lire une fois à haute voix des conditions générales de ventes somme toute assez courtes. Le bureau des transports réels par portage vous assure un transport secret et sécurisé de vos documents sans traçabilité numérique. Vous ne saurez rien du moyen de transport de vos documents. Nos porteurs n’existent pas pour vous. Vous n’existez pas pour nos porteurs. Nos porteurs ne savent rien des documents qu’ils transportent. Nous vous confirmons par tous moyens de notre choix le bon acheminement final. Vous participez au financement complet des trajets des porteurs, retour compris si nécessaire.
— O ne sait rien du destinataire ou du contenu de la sacoche qu’il a passé à L. L nous a confirmé qu’O a parfaitement réalisé sa mission. Peut-être l’a-t-il un peu trop regardé, mais à peine.
La femme qui parle porte un turban orange sur la tête, une ample robe fushia. Elle a posé à ses pieds un sac randoseru prune. Sa tenue est assortie à son sac. Elle s’adresse à un homme en chemise blanche, Stan Smith neuves sans chaussette et pantalon de costume bleu. Ils parlent en français, presque sans accents. Tous les deux sont assis sur de hautes chaises au bord du lac de Starnberg. Ils boivent du vin blanc frais. Ils ont tous les deux la même cinquantaine. La femme au turban veut convaincre l’homme de passer de son côté. Elle sait qu’il sait, mais c’est insuffisant, elle doit l’amener sur un terrain plus personnel. Jusqu’ici elle a toujours obtenu ce qu’elle désirait de cet homme, mais là il hésite. Il lui a redit qu’elle n’avait pas de modèle économique intéressant. Il lui a redit qu’elle n’avait jamais rien contractualisé sérieusement. Elle pense à ses porteurs qui ne savent rien de l’orage qui s’annonce. Elle pense que G ne serait pas de trop dans cette discussion. G est le plus souvent à Berlin. G a la responsabilité des deux friperies de la Bouchéstrasse, juste à l’angle de la Karl-Künger-Strasse. Une de des friperies vend des fringues, l’autre les sacs. G attend la visite certaine de O qu’elle a vu entrer sous le porche du 18 Karl-Kunger Strasse.
Au rez-de-chaussée, dans la cour du 18 Karl-Künger-Strasse, P aussi a vu passer O. C’est d’ailleurs lui qui avait au préalable ouvert la porte de l’appartement au 3ème étage et aimanté sur le frigo la carte postale que O lui avait remise. P remplace G quand G rentre à Paris ou chez un des fournisseurs qui ne leur rend pas visite.