Le train comme un cercueil de la vie protège de la mort, quelle voix psychopompe souffle dans le brouillard, et dans quelle arborescence d’Albion se plante-t-elle, peut-être aucune, sans doute les racines sont coupées et la phrase flotte avant de s’ancrer, le train évoqué forme une caisse de résonnance où l’écho a été embrassé, elle ne possède aucune prise, c’est sûrement ça, c’est balancé, on n’y revient plus, d’ailleurs peut-on seulement aller plus loin lorsque l’on sait que le train comme un cercueil de la vie protège de la mort. Pourquoi figer ce qui ne peut l’être, pourquoi toujours revenir à la vie, et pourquoi dans le train plutôt que l’avion ou le bateau, possiblement le fait que le train est si lié à l’être humain, convoquant des images qui tracent un chemin possible entre les lignes. Le train conserve une micro-société l’espace d’un voyage, toustes partagent une vie le temps d’un même trajet, préservées de la mort par la machine. Dérangement parce que la phrase s’arrête comme un couperet, train, cercueil, protège, dans un rythme qui n’a de naturel que les éléments convoqués, vie, mort. Aucune idée profonde n’est la source ni du train, ni du cercueil de la vie, rien ne découle de ce qui protège de la mort. Ce qu’elle aurait pu être : non pas un traité sur les locomotives du monde ou une tentative de dire l’existence humaine. Dire qui monte dans le train et vers quelle destination. Tentative vaut mieux qu’affirmation, non pas un inventaire mais un petit miroir glissé, un memento mori sur les rails. Aucun sens du devoir, c’est tout, il n’y a pas de ce qui aurait dû être, la phrase restée sur le quai, n’est qu’une amorce de possibilités, le train comme un cercueil de la vie protège de la mort.
Le sentiment d’étrangeté qui interpelle et enrobe la phrase la rend encore plus belle et énigmatique.
Merci Helena ! Enigme non voulue, mais bien là en effet.