Sourire et accepter les contradictions comme une inévitabilité inhérente à la tâche qui lui a été assignée, c’est-à-dire sans y penser.
Mes critères de suppression de texte ne sont pas très clairs. Mais, souvent, ils sont la conséquence d’une réaction : « N’importe quoi ! ». La phrase choisie mérite ce commentaire car elle se pose comme une contradiction : On ne peut ne pas penser à quelque chose qu’on vient d’énoncer. La proposition « c’est-à-dire sans y penser », placée à la fin de la phrase comme un rajout de dernière minute, annule l’injonction qui est faite au début et reproduit le mouvement qu’elle révèle : j’ai évidemment écrit sans réfléchir et je l’ai avoué sans m’en rendre compte. Est-ce une phrase que j’aurais soufflée à moi-même pour me rappeler quelque chose ?
Sourire et accepter les contradictions : Pourquoi sourire d’abord et accepter les contradictions après ? Ne serait-ce pas l’inverse : accepter les contradictions et sourire pour avoir eu le courage ou la fatigue de les accepter ? Sourire de ce que l’on ne comprend pas ou de ce qui n’a pas de sens. A moins que sourire n’ait rien à voir avec l’acceptation des contradictions. Il s’agirait donc de deux actions indépendantes. Sourire, d’un côté, accepter les contradictions, de l’autre. Mais sourire de quoi ou à quoi ? Juste sourire, maxime de vie. Sourire toujours quelques que soient les circonstances. La phrase d’ailleurs pourrait se réduire à cela : Sourire. Sans compléments d’aucune sorte, surtout pas de manière. Nom ou verbe, peu importe. Sourire. Un sourire arrêtant net toute sorte d’arguments. Qui comme un sourire veut tout vouloir dire.
Accepter les contradictions comme une inévitabilité inhérente à la tâche qui lui a été assignée : Très compliqué. On exécute une tâche, cette tâche contient des actions contradictoires, qui s’annulent entre elles, mais on doit accepter ces contradictions car on n’a pas le choix. C’est insoutenable. On comprend mieux, maintenant le « sans y penser ». Évidemment, parce que si on y pense on ne pourrait pas le faire. Qui voudrait être en permanent conflit avec ses propres actes ?
Sourire et accepter les contradictions comme une inévitabilité inhérente à la tâche qui lui a été assignée, c’est-à-dire sans y penser. Je reprends la phrase et m’aperçois qu’elle sied comme un gant au projet d’écriture où elle s’insère. Il y a juste une imprécision à corriger : on ne m’a assigné aucune tâche. Je l’ai prise moi-même, tout entière. Une erreur qui me rappelle que j’écris souvent au hasard des mots. Cette phrase est la description de mon histoire, dans laquelle un personnage est confronté avec ses contradictions, la dernière étant de se cacher dans un endroit où tout le monde peut le voir. Y puis-je quelque chose s’il veut aller se fourrer dans la gueule du loup ? Oui, mais ai-je le droit de m’en mêler ? Je vais accepter ses contradictions comme j’accepte les miennes, ses faux pas et ses maladresses. A mesure que chacun ou chacune sortira de sa grotte respective et commencera à marcher par ses propres moyens, j’en sortirai aussi, tant bien que mal, les yeux remplis d’ombres en direction d’un monde que j’aimerais connaître. Et au diable la barbe de Platon !
Codicille : J’ai choisi cette phrase parce que je ne me souviens pas de l’avoir écrite, ce qui est très rare, car je relis beaucoup de fois mes textes, comme pour les envelopper d’une couche de ciment supplémentaire. Cette phrase, cependant, est toute neuve. Même si je l’élimine, je ne vais pas oublier le conseil.
oui, pile dans cet atelier que je souhaitais… encore plus fort avec cette notation de la phrase dont on ne se souvient pas…
Oh, merci ! Elle n’est toujours pas de moi cette phrase, surtout après sa dissection !