La Viassà – C’est de ce mot patois, qu’elle a toujours désignée – quelque chose comme la mauvaise voie, au sens de chemin grossier et par là, pénible.
Patois, (se dit en italien : dialetto) son étymologie, selon le Dictionnaire historique de la langue française renvoie à l’ancien français patoier « agiter les mains, gesticuler (pour se faire comprendre comme les sourds-muets) ». Une autre hypothèse a été avancée par le grammairien du XVIIe siècle Gilles Ménage, et à la formule latine patrius sermo, soit « la langue des pères », celle que l’on apprend oralement en famille, mais que l’on n’écrit pas. Patrius aurait ensuite évolué en patrois, puis en patois. Dans la première édition de son Dictionnaire, en 1694, l’Académie française note un : « Langage rustique, grossier comme est celuy d’un païsan, ou du bas peuple. » Même a-priori dans l’Encyclopédie, où l’on peut lire : « Patois. Langage corrompu tel qu’il se parle presque dans toutes les provinces : chacune a son patois […]. On ne parle la langue que dans la capitale. » )
La résonance du nom en patois est restée liée à ce lieu de l’entre-deux — ni la route, ni l’arrivée tout à fait, un peu comme le seuil d’une fête à laquelle nous serions conviés trop tôt —, lieu de transitions, rustique et humide, sombre et montant du début de l’été. Il reste un chemin terminant la route à travers un nom, prononcé babines retroussées sur des dents sifflantes, mais qui n’ouvre plus aucune porte à la sortie de la montée désignée, à la fois ultime et premier effort du voyage, de l’arrivée. On respirait profondément avant de s’y engager à la queue leu leu la toute première fois. Boyau glissant et pénible qui nous avalait, suant, suintant. Un mot, un nom presque commun, dont on se débarrasse par le glissement, presque l’évitement, tant on voudrait l’avoir déjà gravi. On l’avale, il se dévale, sans déglutir à travers ce système de signes propre à la communauté d’individus qui attend, là-haut, votre arrivée au seuil de cette langue non unifiée. Qui sait si, quelques kilomètres plus loin, il aura garder la même signification, la même écriture phonétique ? car comme dans toutes les langues orales, les vocables se diversifient, se diluent dans l’espace.
Un dialecte est un ensemble de parlers qui, à l’intérieur d’une langue géographiquement variable, ont en commun un certain nombre de traits secondaires qui permettent une intercompréhension facile et qui distinguent ces parlers des autres parlers qui ne connaissent pas ces traits.