Non pas regretter, ça ne sert à rien, c’est trop tard, pas pleurer non plus, ça peut soulager, mais c’est inutile, non pas ruminer, ressasser, râler, l’estomac noué, la tête comme prise dans un étau, non pas s’écouter, mais rebondir.
Non pas chercher la foule pour s’y cacher, la tête enfouie dans un sable imaginaire, ni se cacher dans les coins reculés, douillets comme le chocolat ou comme un oreiller, non pas se laisser aller, mais réagir. Partir. Marcher à nouveau dans les rues pour découvrir le monde, courir pour oublier, aérer le cerveau chargé de colère, flâner dans ces rues de ton enfance qui t’ont marquée, enchantée, qui semblent rester les mêmes pour l’éternité, alors qu’elles changent, évoluent comme les gens, comme toi…
Non pas se tourner vers le passé, enjolivé parfois par les souvenirs, ou triste et même tragique certaines années, dépasser la douleur, respirer à fond, chanter et danser, faire confiance à nouveau, ce n’est pas facile, ce ne sera pas pour tout de suite, une vie à reconstruire plutôt que l’abandon, la noyade, le renoncement. Les tramways continuent à rouler, la Roue continue à tourner, les amis reviennent pour les retrouvailles, les sorties, les plaisirs, ils te tendent les bras, tu ne les vois pas, pourtant ils te manquent, non pas les sorties, mais la chaleur de leur sourire, non pas les repas en commun, mais la convivialité, être ensemble, puis repartir seule, non pas esseulée, mais simplement regonflée comme un ballon en ascension, s’envolant dans les airs pour conquérir le monde.