Non pas un pèlerinage avec stations obligatoires et incontournables, jalonné de rituels et encore moins un chemin de croix avec points d’arrêt lourds de sens dans lesquels s’engluer. Non pas un séjour avec étapes systématiques pour lesquelles elle rédigerait des descriptifs concis pour établir la visite guidée d’un lieu qu’elle peinerait à déterminer et à délimiter. Non pas une étude toponymique ou topographique et encore moins historique quoique peut-être quelques anecdotes de ce type puissent surgir ici ou là. Non pas une errance sans rien à quoi se raccrocher, sans mots pour se dire, sans images pour s’écrire. Non pas une errance qui par définition n’aurait pas de fin. Non pas une débandade ni une dérive, non que de prendre la dérive ne lui vienne pas à l’esprit, parfois. Non pas un trajet dont la fulgurance n’aurait d’égale que la superficialité. Non pas une rencontre avec autre chose que soi-même ou ce qui l’a construit. Non pas un lieu qui serait un kaléidoscope de particules sans aucun lien entre elles ni un vitrail composé de multiples images séparées les unes des autres par une coulée de plomb. Non pas un chemin linéaire qu’elle suivrait sans savoir où il la mène, qu’elle suivrait comme en pilote automatique jusqu’à ce qu’il s’arrête net au bord d’une falaise et puis le vide. Non pas une histoire qu’elle se raconterait comme on se raconte des histoires pour ne pas regarder la réalité en face ou comme on en raconte aux autres pour qu’ils ne puissent nous percer à jour et pour que notre jardin secret le demeure. Non pas une histoire avec des personnages auxquels elle prêterait une vie tragique ou rêvée ou les deux qui serait censée éveiller les émotions du lecteur pour le faire s’évader. Non pas une histoire, point. Non pas. Rien de tout cela.