L’homme n’est pas le héros d’une histoire qu’on raconte aux enfants, le soir au coin du feu quand hurlent les loups dans le froid saisissant d’une profonde nuit d’hiver. L’homme n’est pas l’aventurier d’un tour du monde en ballon, l’inventeur d’un trésor enfoui, un séducteur de bar d’hôtel qui remonte immanquablement avec la femme de l’ambassadeur dans une chambre où l’attendent une bouteille de champagne toujours à température idéale et un lit parfumé. L’homme n’est même pas le mari bourgeois, sans imagination, d’une femme plongée dans les livres et qui le trompe en calèche jusqu’au désespoir absolu du suicide. L’homme n’est pas enfant des rues ni laissé pour mort au champs de bataille qui revient, méconnaissable, vingt ans après revendiquer une place depuis longtemps prise par un autre. L’homme n’est pas rescapé d’un naufrage, survivant sur une île déserte, échappant à de sauvages anthropophages. L’homme n’est pas voyageur dans le temps, sans bagage ni repères. L’homme n’est pas soldat, mousquetaire, chevalier en armure. L’homme n’est pas le bandit au cœur d’or qui détrousse le riche pour distribuer au pauvre. L’homme n’est pas bloc de puissance à la faiblesse infinie. L’homme n’est pas à la dérive, empêché de rentrer chez lui par des vents contraires, soumis aux épreuves imaginées par des dieux pervers. L’homme n’est pas celui sur les épaules duquel repose le destin du monde. L’homme n’a pas sur l’épaule une tache de naissance qui dirait son destin. L’homme n’est pas soumis à la position des étoiles le jour de sa naissance. L’homme n’est pas condamné par les visions d’une fée qui se serait penchée sur son berceau, baguette en l’air. L’homme n’est pas sorti de la cuisse d’un dieu tout puissant, ses ancêtres n’ont pas passé de pacte avec le diable, il n’est destiné à aucun sacrifice qui le dépasse. L’homme n’est pas parti à la quête d’une rédemption inatteignable. L’homme ne détient pas de pouvoir qui l’oblige à de grandes responsabilités. L’homme n’est pas exactement ce qu’il a été ni vraiment ce qu’il sera.
Merci! Je pourrais écrire le même texte sur l’homme de mon PDF. J’avais en tête quelque chose dans ce goût-là. Votre texte me permet, par conséquent, d’aller un peu plus loin dans le mien. Merci double.
Merci pour ce double merci. Et tant mieux si l’on s’entraîne plus loin les uns les autres !
Merci Sébastien, cela me donne envie de savoir ce qu’il est véritablement.
Je ne sais pas si on peut vraiment savoir…