Non pas de ce salon où tu me tires par ta voix, alors que je veux aller à la cuisine, non pas de ce dressage, de cette éducation encombrante, de ces comprimés, antidépresseurs, anxiolytiques, antiacides, de ces jus de citron le matin, non pas de ces conversations de salon, de ces questions tranchantes, de ces questions au couteau que je ne suis plus quoi faire, où aller, comment me lever de ce fauteuil, comment fuir de ce divan sous la lumière tamisée de l’abat-jour, maintenant que je suis coupée en morceau, corps de vache devenue morceau de veau, pendue au crochet en métal scintillant, et que je reste là, suspendue devant toi qui ne me regardes pas, qui ne m’écoutes pas et pourtant tu continues à me fixer et à me poser des questions, l’une après l’autre, rafale de coup d’un kalachnikov dans la lumière douce du salon, les pores de ma peau se referment et tu arraches ma peau pendant que moi morceau de viande pendue au crochet du plafond de notre maison-abattoir je me bats avec tes questions tranchantes, tu t’abats sur moi et, et je reste là, sventrata, dissanguata, sans antidépresseurs et sans anxiolytiques, et mes pensées s’arrêtent d’un coup, et je suis là, suspendue au crochet de notre salon-chambre froide, sans réponses et sans mots, éviscérée, sans rien à te dire et sans que tu t’aperçoives de rien, et puis tu te lèves satisfaite de notre conversation et tu me dis que je vais bien.
n’hésite pas à travailler la longueur, comme en piscine, pousser le texte jusqu’à ce qu’il n’ait vraiment plus rien à dire, c’est dans ces frontières souvent qu’on trouve…
Hypnotisant, dérangeant, reflet sanguinolant d’un miroir intérieur. J’aime beaucoup.
Merci pour ces commentaires qui me poussent à aller plus loin et poursuivre au-delà de 25 mètres pour m’immerger dans une piscine de 50 mètres …je vais prendre mon maillot et mes lunettes pour travailler à une version plus longue. Et oui j’étais filoue à me débarrasser si tôt de ce texte ! Mais bon…ces rencontres sanguinolentes…