C’est l’été. Il fait chaud, en principe. On est en Bretagne, en centre-Bretagne plus précisément. C’est à Carhaix, zone de Kerampuilh. C’est un grand champ jonché de corps qui essaient de se perdre dans les pulsations de la musique. Elle arrive sur cette grande zone, à Kerampuilh, ce grand champ où il y a cinq scènes pour l’un des plus grands festivals, l’un des plus grands rendez-vous musicaux de France, en été. Cinq scènes et des tas de petites zones, des petits villages où tout le monde se retrouve autour de la buvette, comme à la kermesse de l’école, autrefois. Des tas de petits villages où l’on échange une bière contre une monnaie qui sent bon la vache, et non le singe. C’est l’endroit où de grandes scènes ont remplacé ces vieilles charrues que l’on expose encore dans certains écomusées, pas loin. Un grand champ avec ses creux, ses bosses, ses petites collines et ses douces plaines. Un grand champ qui prend à bras le corps tous ces corps qui ne s’amoncellent pas, mais qui s’ajoutent à cet endroit guidé autrefois par les chevaux de trait bretons. Pas des postiers, mais des chevaux de trait aux postérieurs saisissants et puissants. On est bien à Carhaix, en centre Bretagne, et la bière coule à flots. C’est qu’on a une réputation à tenir. Elle, elle ne boit pas de bière dans ce vaste champ où l’herbe mousse. Une herbe qui pique quand même un peu et qui poudroie au bout de deux jours. Une herbe à paître pour bêtes à manger du foin. Il y a ces grandes enceintes qui font boum boum un peu partout, et des écrans géants où les artistes montrent leur face en faces-à-faces. Il y a du monde, beaucoup de monde, et toute une machinerie qui se met en place, dès les boxes d’entrée, dans ces grands couloirs où tout le monde entre en piste, comme dans un grand champ de foire, à la fête des Loges où personne ne loge. C’est le festival des Vieilles Charrues, et, comme chaque année, il y a du monde, beaucoup de monde. Du people pour village people.