Entre chien et loup, paysage mouillé. Descendu du bus trop tôt. Pourtant rien n’encourage à marcher, ni cette bruine qui n’est pas la pluie, ni la lumière, les halos de l’éclairage municipal se dessinent à peine, ils ont dû installer des leds, la chaleur baisse d’un ton dans la ceinture des villes. Ici des remparts de pierre, c’est mieux que le périph, ça fait moins de bruit, ça pue moins, en plus c’est historique. Ici les immeubles ne sont pas très haut, l’avenue est assez large, une boulangerie, deux bistrots, à midi ça doit sentir la journée continue, les fenêtres qui s’éclairent ça et là font petits signes de vie. Sensation d’errance. Lui qui aurait voulu l’aventure, depuis toujours il n’a que l’errance. S’y faire? Les vieilles baskets commencent à prendre l’eau, la capuche ne sert plus à rien, il ne connait pas encore le plus court chemin pour arriver chez lui, il prend celui comme la première fois. Il aime les premières fois, quand on a l’impression que tout peut changer. Il a beaucoup déménagé. Un chien, genre bâtard chasse poil rêche, le suit, s’arrête lorsqu’il se retourne. Quelques bagnoles, le son est humide lui aussi, ralenti au carrefour, les petits panneaux amoncelés indiquent beige sur brun Centre historique, Hôtel des Arts, Restaurant L et Lui, La poste, Parc de la Chocolaterie. C’est par là qu’il doit bifurquer. S’il passait par le cinéma ?
ça suffit l’errance et la pluie pour avoir l’aventure (une toute petite mais à défaut…)
Alors une vraiment toute petite! Ce garçon méritera mieux sans doute…