La porte de la maison est entre baillée, comme si elle te suppliait, entre donc, non pas en hésitant, mais comme tu le faisais arrivant autrefois dans ce lieu, joyeuse, non pas pour le visiter, mais pour la retrouver, ta grand-mère aimante, là maintenant retrouver, retrouver les souvenirs anciens cachés dans cette demeure, comme si le temps n’avait pas passé, comme si ceux que tu as aimés t’attendaient, non pas figés dans la mort, mais installés au coin du poêle te souriant, comme si vous repreniez une conversation suspendue non pas interrompue par leur mort, mais par un banal accroc de la vie, entre donc, pénètre dans le vestibule, hume, non pas une odeur de moisi, mais de cire et d’encaustique, non pas un relent de fleurs desséchées mais parfum de lavande, reconnais-le non pas désaffecté, mais plein de vie, comme s’il était celui que tu franchissais enfant en toute hâte pour entrer dans la cuisine surchauffée, comme si le parfum vanillé des crêpes te flattait à nouveau les narines, comme si tu allais les savourer, non pas précipitamment mais en prenant ton temps, en te léchant les babines ou bien en suppliant ta grand-mère, une encore, la dernière, comme si tu ne savais pas qu’elle céderait à ta gourmandise, donc elle toute tendre et souriante te serrant dans ses bras, comme si entre vous tout pouvait recommencer, la joie d’être ensemble, non pas séparées, mais dans la vraie vie, elle faisant sauter crêpe après crêpe comme dans les moments de fête, non pas par obligation mais dans le plaisir du partage, elle te caressant la joue et toi recevant sa caresse, comme si elle était présente devant toi, présente encore dans la maison, comme une fée bienveillante ou bien un fantôme surgissant de ton enfance et te réchauffant comme le ferait un feu de joie. Présente-absente.
oui le non pas suivi tout de suite du mais… l’équilibre de la vie