des heures passées sous les couvertures à lire en secret à la lampe de poche, l’oreille aux aguets, tendue vers les bruits extérieurs et cette douce impression de transgresser un ordre établi dans cette chambre à la porte entrebâillée
comme une odeur de poussière sur l’édredon en plume, les craquements secs du parquet, une bougie un soir d’orages et le reflet des ombres dansantes sur le mur lézardé et sombre
une sensation étrange d’être réveillée par une perte d’équilibre, un roulement imperceptible, comme un tremblement, sans doute celui de la terre, et une chambre au 29ème étage d’une tour, dans le petit matin enveloppé d’une brume épaisse et une alarme stridente invitant à sortir et s’engouffrer dans les escaliers de secours
cette chambre aux tentures lourdes, au mobilier foncé, morose, impersonnel et malgré un effort de climatisation cette moiteur tropicale hantant mes cauchemars
dans ce petit espace, un lit double, une armoire, un lit de camp et le souvenir pour la nuit d’un pot de chambre posé dans un coin
ça sent les embruns du large, ça dépose un film d’humidité sur le pont, ça enveloppe le corps d’une pellicule saline et toute la nuit le claquement régulier de la drisse contre le mât, c’est comme une invitation au voyage
quelque part, la rumeur de la rue, les persiennes entrouvertes, les arômes piquants des épices qui embaument toute la chambre et le doux filet d’air d’un matin à venir
et la sensation de passer à côté de sa nuit, comme si les murs s’étaient effacés offrant à l’imagination un horizon dégagé et profond, puis l’impossibilité de retourner sur ce lieu indéfini et la réalité d’une pièce traversée par les vibrations du métro aérien
un décor inspiré des Mille et une nuit, dorures au plafond et tissus mauresques, effluves d’encens et sous les pieds la fraicheur du carrelage au motif oriental, dehors le muezzin appel à la prière
le murmure du vent dans les feuilles, le pépiement des petits oiseaux, le coassement des grenouilles, le grognement des sangliers au petit matin et le sentiment de faire partie d’un paysage vivant, là-haut, au début du ciel, à moitié endormi dans la maison suspendue au milieu des arbres
heureusement qu’un certain nombre de participant.e.s ont tenté ce que je souhaitais, d’une phrase ouverte sans amont ni aval, ici l’absence de maj rend bien ce glissando !
merci françois !