Journal du visage
XX-XX-1XX7
Aujourd’hui je suis tout dans mon front.
XX-XX-1XX7
Je crois que ma tempe droite est plus petite que ma tempe gauche. Comment savoir ?
XX-XX-1XX8
Un nouveau relief ce matin, une aspérité, quelque chose de dur je crois, quelque chose de neuf soudain, au haut de l’aile gauche du nez, un événement qui n’est pas moi.
XX-XX-1XX8
Je ne sais pas si mes deux oreilles sont identiques. Ni même si elles m’appartiennent vraiment.
XX-XX-1XX8
Je sens de l’air dans mes trous.
XX-XX-1XX9
Les cheveux ? Ils me cachent et m’obligent. Je les hais. Paraît qu’ils finissent par tomber. Et que moi aussi.
XX-XX-1XX9
On m’a froissé. Obligé de faire des étirements. J’en ai de plus en plus besoin. C’est de plus en plus dur. De plus en plus inutile. Continuer pourtant.
XX-XX-2XX4
Sensation désagréable au réveil. J’ai dû dormir sur une fourmilière.
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Bizarre. Me suis demandé soudain ce qu’il y avait à l’envers de moi. Puis si j’avais un envers.
XX-XX-2XX7
Dans la journée, tout s’est disloqué, lèvres, joues, pommettes, menton, arcades, mâchoires, chacun parti de son côté. Le soir, me rassembler si je veux me ressembler.
XX-XX-2XX7
Matin d’insomnie. Des déchirures sous les yeux et les lèvres serrées comme cousues.
XX-XX-2XX1
Parfois je voudrais me dévisager.
XX-XX-2XX7
Météo capricieuse aujourd’hui, incompréhensible. Une tempête soulève des vagues à ma surface, en tous sens. Puis calme plat. Puis houle à nouveau.
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Ce matin j’ai perdu mes limites.
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Lourdeur sur moi soudain. Ecrasé dans la machine à repasser. Brûlé par un soleil blanc. Plus de plis, plus rien de physique. Ecrasé par la métaphysique.
XX-XX-2XX9
Ça va mieux. Retrouvé plis, rides, pores, trous, creux, bosses. Mes ombres.
XX-XX-2XX9
Me dis que je suis fait d’autant de pores que de peau. Plein de vide. En fait ça me rassure, ça respire. Je tamise le vent.
XX-XX-2XX0
Envie de me frotter à un autre.
XX-XX-2XX0
Encore une insomnie. En arrière de moi l’espace comme entre deux aimants qui se repoussent.
(A suivre)
Enthousiasmée par ce texte, l’idée, le ton, la relation au visage sien et autre qui « tamise le vent ». Je vois qu’il s’agit d’une suite, je vais lire ce qui précède.
Bonjour, et merci pour votre lecture. Ne vous embêtez pas à chercher ce qui précède, je l’ai remis ici avec sa suite. J’ai du mal à écrire long… même si un peu plus de temps en ces temps.