Cela aurait pu se passer ainsi. 05:45. Vaguement des violons puis la voix molle de Luc Terrapon citant le nom d’un compositeur inconnu. Les nouvelles : mauvaises. 06:10. Je me lève. 07:00. Rosa me sert un expresso et un croissant Cailler. Jacky, Urs et Daniel lisent La Liberté. Claire s’assied à la table réservée pour Claire. Personne ne s’assoit en face de Claire, elle est en train d’émerger, il ne faut pas la déranger, elle n’est pas du matin mais sa doyenne ne veut rien en savoir. 07:55. Il fait froid dans le container. Bonjour à tous (j’oublie les filles). Qui peut me rappeler la manière dont les bolcheviks ont pris le pouvoir ? Joy lève la main. Qu’est-ce qu’un décret ? Florian répond : une loi. Je ne suis qu’à moitié d’accord. 09:25. Ils ont de la peine à faire la différence entre le discours indirect et le discours indirect libre. 12:00. Je stresse. Il faut passer le plus vite possible de la E304 à la B-302. 12:10. Le souffle me manque. Quel est le passage le plus tragique du monologue de Phèdre ? Lucien cite : Voilà mon cœur : c’est là que ta main doit frapper. 12:50. Lise me demande si ça a été, mes six heures de cours. Je me dis qu’elle est charmante et je file manger. 13:30. Micaël et Baki ont enfin trouvé un sujet pour leur TIP. 15:00. Bonne semaine, vendredi prochain vous saurez qui est votre second coordinateur. 15:45. Le métronome sur 55, je m’emmêle les doigts sur un allegro de Joseph-Hector Fiocco, compositeur belge. Il faut augmenter jusqu’à 120. Je n’y arriverai jamais. 16:30. Couché sur le canapé, je lis 77 de Marin Fouqué. Je ne vois pas passer le temps. 20:02. Monique ouvre l’assemblée. C’est sa dernière. Elle retient ses larmes. 21:14. Nous optons pour la deuxième catégorie harmonie. C’est un sacré défi, nous prévient le chef. 22:08. Monique clôt l’assemblée. Elle ne retient plus ses larmes. 23:25. La petite Louise s’en allait seule au bois, on débouche la troisième bouteille de rouge, on se dit qu’on a du pain sur la planche. 23:55. Il faudrait le quitter, pom pom pom. (journal anticipé, 2019)
Cela s’est presque passé ainsi. 05:45. Vaguement un piano puis la voix molle de Luc Terrapon citant le nom d’un compositeur inconnu. Les nouvelles : Jacques Chirac est mort, Donald Trump s’accroche. 06:15. Je me lève. 07:00. Rosa me sert un expresso et un croissant Cailler. Jacky et José lisent La Liberté. Claire s’assied à la table réservée pour Claire. Personne ne s’assoit en face de Claire, elle est en train d’émerger, il ne faut pas la déranger, elle n’est pas du matin mais sa doyenne ne veut rien en savoir. 07:55. Il ne fait pas froid dans le container. Bonjour à tous (j’oublie les filles). Qui peut me rappeler ce qu’il s’est passé en Russie en en 1917 ? Micaël lève la main. Il parle de pantalons rouges. Joy est plus précise dans sa réponse. 09:25. Ils ont de la peine à faire la différence entre le discours indirect et le discours indirect libre. 12:00. Je stresse. Il faut passer le plus vite possible de la E304 à la B-302. Quand j’arrive, Suzanne est encore là. Je me suis stressé pour rien. 12:10. Quel est le passage le plus tragique du monologue de Phèdre ? Lucien est absent. Je cite : Voilà mon cœur : c’est là que ta main doit frapper. 12:50. Je file manger. 13:20. Je plaisante avec Lise. Elle est charmante 13:30. Micaël et Baki ont à peu près trouvé un sujet pour leur TIP. 15:00. Bonne semaine, vendredi prochain vous saurez qui est votre second coordinateur. 15:45. Le métronome sur 75, je m’emmêle les doigts sur Arsenal de Jan Van der Roost, compositeur belge. Margot m’a fait grâce de l’allegro de Fiocco. 16:30. Couché sur la chaise longue, je lis quoi ? Si j’avais lu 77 de Marin Fouqué, le temps aurait passé plus vite. 20:00. Monique ouvre l’assemblée. C’est sa dernière. Elle retient ses larmes. 21:14. Nous optons pour la troisième catégorie harmonie. C’est plus sage, a dit le chef. 22:02. Monique clôt l’assemblée. Elle ne pleure pas. 23:25. La petite Louise se laisse désirer quand on débouche la troisième bouteille de rouge. 23:55. Tout le monde s’en va, sans chanson. (journal corrigé, 2019)
J’ai aimé lire vos deux journaux. Je me demande si in fine je ne préfère pas le journal anticipé pom pom pom
La vie telle qu’elle se déroule en réalité est toujours un peu décevante par rapport à ce qu’on imagine. Merci pour votre commentaire.