Rampant rose mais chambre glacée, au bout du souffle la buée, grésillement du radiateur électrique, odeurs de poussière et de métal chauffés, et rentrer son corps entre des draps froids pour tout au bout la brûlure de la bouillotte
Février, St Jacut désert, petite chambre dans petit Hôtel dit des marins dans petite rue et l’odeur marine fenêtre ouverte ou d’encaustique fenêtre fermée
Les persiennes cisaillent le soleil brûlant, les draps pèsent dans le lit partagé, et puis là-haut, deux anges sourient et la sérieuse vierge de Raphaël présente son bébé grassouillet
Le matelas de sol fourré sous les jambes de la console et c’est dormir dans une cabane dans la pièce immense et les légers ronflements des parents
Chez la voisine, corbeilles pleines de fleurs de fruits d’ oiseaux répétées à l’infini sur le papier peint multicolore pour désennuyer la sieste imposée et comme éternellement associées à l’ovale chevalin de la vieille dame si gentille
Hôtel Borgne, sur la place, chambre pas pour dormir d’un après-midi, 50 Francs, sales couleurs, le lavabo juché en déséquilibre sur son tuyau d’évacuation, mobilier à pleurer, dessus de lit tufté taché et derrière le voilage sale, le génie de la bastille brandit sa flamme…
Bailler d’ennui dans un des lits jumeaux du cabanon pendant la sieste sacrée de l’oncle et la tante, gigoter sans cesse et chiffonner le couvre-lit de coton fleuri
Chambre de toile sous pluie battante, odeur de terre mouillée, appuyer sur les parois pour faire pénétrer l’eau dedans, jeu de l’abri fragile.
Les odeurs sont très bien rendues ! Je les sens !
Merci Laurence d’avoir senti !
« désennuyer la sieste imposée » et ce type d papier peint… l’impression d’avoir connu ça dans une grande maison près de Saumur (pré-ado)
Oui Brigitte je pense qu’on est pas mal à en avoir connu un, le mien dans un très modeste appartement parisien, et ça revient à la mode ! je voulais d’ailleurs en mettre un en photo mais je ne suis pas encore très au point sur wordpress
Quel foisonnement de sensations ! Délicieux.
Merci de votre lecture Camille
Désennuyer la sieste imposée… En dit si long. Tapisseries. Pourrait-on faire de même juste avec les tapisseries. J’ai essayé, mais trop peu de souvenir, semble-t-il. Un ou deux pas plus. Tous les sens sont presents dans ton texte. Heureuse de te lire à nouveau.
ah mais quel plaisir aussi Anne de te retrouver ! je rame un peu sur ce début d’atelier, merci de tes encouragements, je rame aussi sur le site en lui-même, un peu oublié, j’envoie mon quelqu’un quelque part et cours chercher tes textes… A plus