Je te regarde comme un chien. Je te regarde comme ce chien pendu au rétroviseur de ton automobile. Je te regarde comme lui qui ne peut pas te regarder. Qui est une chose. Je te regarde comme une chose. Comme ce machin chose de chien d’automobile — la tienne. Je te regarde comme en leasing un jour de courses et tu pleures. Je te regarde comme pleurer un jour de courses ou comme freiner dans une rue en pente ce jour là. Je te regarde comme ce stop d’avant l’aire de parking quand il va pleuvoir. Je te regarde longtemps. Tu es de profil. Tu pleures. Je te regarde comme ton nez au milieu de la figure. Je te regarde comme ton nez porte des verres épais. Je te regarde comme ils se brouillent parce que tu pleures. Je te regarde comme un essuie glace usagé. Je te regarde avec son bruit. Comme il racle et peine. Je te regarde comme ton impuissance à changer des balais d’essuie glace. Et tu pleures. Tu te gares et tu pleures. Je te regarde comme ta liste de course en rouleau de sopalin, en lessive trois en un, pâtes et pain de mie, de salami, de riz derrières tes verres sales. Je te regarde comme personne et tu as l’air d’une chienne hagarde. Je te regarde comme une chienne.
Je te regarde comme un chien.
Je te regarde comme ce chien pendu au rétroviseur de ton automobile.
Je te regarde comme lui qui ne peut pas te regarder. Qui est une chose.
Je te regarde comme une chose. Comme ce machin chose de chien d’automobile — la tienne.
Je te regarde comme en leasing un jour de courses et tu pleures. Je te regarde comme pleurer un jour de courses ou comme freiner dans une rue en pente ce jour là.
Je te regarde comme ce stop d’avant l’aire de parking quand il va pleuvoir. Je te regarde longtemps. Tu es de profil. Tu pleures.
Je te regarde comme ton nez au milieu de la figure. Je te regarde comme ton nez porte des verres épais. Je te regarde comme ils se brouillent parce que tu pleures.
Je te regarde comme un essuie glace usagé. Je te regarde avec son bruit. Comme il racle et peine. Je te regarde comme ton impuissance à changer des balais d’essuie glace. Et tu pleures. Tu te gares et tu pleures.
Je te regarde comme ta liste de course en rouleau de sopalin, en lessive trois en un, pâtes et pain de mie, de salami, de riz derrières tes verres sales.
Je te regarde comme personne et tu as l’air d’une chienne hagarde.
Je te regarde comme une chienne.
Bonjour Nathalie,
Un texte qui bouscule, entre adresse et discourt intérieur, le vivant et l’artificiel, le déferlement des objets, et ces larmes… oui ce texte emporte, (une petite envie : je le verrai bien avec des retours à la ligne, tel que tu les a fait entendre à la lecture hier soir)
Merci Catherine – Avoir 75 mn pour écrire c’est assez bizarre exaltant aussi. Quelle belle proposition et tous ces surgissements incroyables … Hâte de lire le livre de Milène. (je tente de découper pour voir )
Oui !
Très secouée par la lecture de ce texte hier soir. Par ce regard.
un je te regarde qui bouscule bascule et chavire à remous de pluie !
Et quelle belle lecture…. Beaucoup d’émotion
Merci beaucoup Françoise vais te (vous) lire dès mon retour
L’émotion a vous lire Nathalie Holt est toujours immense. Et vos mots toujours révélateurs de nos propres fragilités. De quel droit mettez-vous des larmes dans mes yeux ?
écrire en 1heure15 quand on est lente ça pique les yeux . Merci Ugo pour ces mots en retour de lecture.