Je te regarde comme regarder la rue
je te regarde comme la rue marche la rue avance la rue se passe
je te regarde comme la rue se passe dans les yeux et les yeux défilent
je te regarde comme les yeux filent dans les yeux
je te regarde comme les yeux filent et s’effacent dans la rue
je te regarde comme la rue et la rue regarde
je te regarde comme la rue et la rue regarde un homme
je te regarde comme la rue regarde l’homme
alors l’homme marche s’approche et parle
je te regarde comme la corniche et les vagues
je te regarde comme la corniche et les vagues derrière l’homme
je te regarde comme la corniche grise
je te regarde comme la corniche grise sous l’éventail vert des palmiers
je te regarde comme l’homme vague parle
parle les immeubles sales
parle les voitures bouchonnent
parle le temps a bien changé
parle et vous d’où venez ?
parle parle sans arrêter le parler
je te regarde comme les pavés
je te regarde comme les pavés multipliés dans la rue
je te regarde comme l’onde circulaire de leur mue
je te regarde comme l’hypnose de l’onde des pavés
je te regarde comme les fenêtres ouvertes
avalent le gris de la rue
je te regarde comme les fenêtres de la rue
avalent les vagues et la corniche aussi
je te regarde comme la chambre dans la fenêtre
je te regarde comme le coin de la chambre à la fenêtre
et la vieille tapisserie bleue cloquée
je te regarde comme dessous la lampe le lit
je te regarde comme dessous la lampe allumée les plis froids du lit
je te regarde comme un jouet cassé
je te regarde et ne reconnais plus.
Magnifique
ah merci – on est partis sur le même thème je vois !!
oui des regards … les vôtres ont une infinie douceur ( triste aussi) et il y a la corniche et la mer