Je te réchauffe comme une marée basse qui ne reviendra plus, planquée de l’autre côté de l’horizon, sans grain ni fortune, avec un slow entre les bras
Je te réchauffe comme une mer qui a décidé de foutre le camp, laissant désoeuvrés les bouées, les embruns, les surfeurs, les îlots
Je te réchauffe comme un petit vent qui glisse dans le cou espérant croître avec ton souffle
Je te réchauffe comme le désir d’avoir le même tempo de toi, mais pas le boa qui serre et serre pour ralentir ta pulsation
Je te réchauffe comme une pierre trouvée au hasard, qui sent la pierre et le lichen, viens t’encourage à t’asseoir
Je te réchauffe comme balbutiements d’orage quand tu viens t’abriter sous l’abribus et qu’une gamine, installée là depuis des heures, se met à chanter
Je te réchauffe comme une insoumission déclarée haut et fort alors qu’on pensait tous à autre chose… l’idée en devient fâcheusement anachronique
Je te réchauffe comme un assemblage de petits plis crépitements battements de braises et de plumes dans l’atmosphère, pour le léger qui court et batifole
Je te réchauffe comme un lover man de Billie Holiday
Je te réchauffe comme les hurlements des voisins quand ils écument de fête et de bastringue et que vite vite voilà les flics faut tout ranger
Je te réchauffe comme un hiver totalement oublieux de toi, qui te laisse et s’éloigne alors que tu en voulais tellement de son froid
Je te réchauffe en pupille animale comme ça brûle tu y es presque c’est là tout près
Je te réchauffe comme une vraie promesse dite sur le ton de la plaisanterie
Je te réchauffe comme pleine course à travers la brume d’un quai de Seine-et-Marne à six heures du matin
Je te réchauffe quand personne ne s’est levé
Je te réchauffe comme une averse glissante, comme une blessure, la chrysalide de la douleur qui fait sursaut d’enfance
Je te réchauffe comme la plaie du ciel que tu regardes quand tu as oublié comment tu en es arrivé là, je te réchauffe comme la bière que tu bois pour la nuit que ça fait dans la plaie
Je te réchauffe comme une mer à douze degrés quand elle revient à la charge avec la couleur et les grigris d’une rivière
Je te réchauffe comme la patience de ceux qui nagent vers la terre
Merci pour ce texte et l’audio, ça apporte un tel supplément d’âme. J’ai écouté avec BEAUCOUP de plaisir!
Merci vivement Rebecca pour votre très gentil message qui me touche profondément. J’ai écouté également votre merveilleuse interprétation des on/off qui sidèrent par la justesse des images et la malice inouïe… Quelle voix blues !! Superbe
très beau ! d’entendre la voix… réchauffe
Merci très ému Gracia… Aime tant vous écouter….
Au départ écoute et lecture en même temps puis progressivement j’arrête de lire et m’envole avec la voix qui donne encore plus de force au texte. Merci !
Merci très vif Jérôme ! Un plaisir de vous lire… Et vais de ce pas découvrir vos dernières publications 😊 Belle journée à vous