Je te réchauffe comme une marée basse qui ne reviendra plus, planquée de l’autre côté de l’horizon, sans grain ni fortune, avec un slow entre les bras
Je te réchauffe comme une mer qui a décidé de foutre le camp, laissant désoeuvrés les bouées, les embruns, les surfeurs, les îlots
Je te réchauffe comme un petit vent qui glisse dans le cou espérant croître avec ton souffle
Je te réchauffe comme le désir d’avoir le même tempo de toi, mais pas le boa qui serre et serre pour ralentir ta pulsation
Je te réchauffe comme une pierre trouvée au hasard, qui sent la pierre et le lichen, viens t’encourage à t’asseoir
Je te réchauffe comme balbutiements d’orage quand tu viens t’abriter sous l’abribus et qu’une gamine, installée là depuis des heures, se met à chanter
Je te réchauffe comme une insoumission déclarée haut et fort alors qu’on pensait tous à autre chose… l’idée en devient fâcheusement anachronique
Je te réchauffe comme un assemblage de petits plis crépitements battements de braises et de plumes dans l’atmosphère, pour le léger qui court et batifole
Je te réchauffe comme un lover man de Billie Holiday
Je te réchauffe comme les hurlements des voisins quand ils écument de fête et de bastringue et que vite vite voilà les flics faut tout ranger
Je te réchauffe comme un hiver totalement oublieux de toi, qui te laisse et s’éloigne alors que tu en voulais tellement de son froid
Je te réchauffe en pupille animale comme ça brûle tu y es presque c’est là tout près
Je te réchauffe comme une vraie promesse dite sur le ton de la plaisanterie
Je te réchauffe comme pleine course à travers la brume d’un quai de Seine-et-Marne à six heures du matin
Je te réchauffe quand personne ne s’est levé
Je te réchauffe comme une averse glissante, comme une blessure, la chrysalide de la douleur qui fait sursaut d’enfance
Je te réchauffe comme la plaie du ciel que tu regardes quand tu as oublié comment tu en es arrivé là, je te réchauffe comme la bière que tu bois pour la nuit que ça fait dans la plaie
Je te réchauffe comme une mer à douze degrés quand elle revient à la charge avec la couleur et les grigris d’une rivière
Je te réchauffe comme la patience de ceux qui nagent vers la terre
là tout de suite il pleut le ciel est d’un noir clair de fin de partie. Alors je me réchauffe peu à peu entre cette mer qui se retire et la terre qui s’approche .
ooooh merci Nathalie… je suis émue (larme un peu quand même) c’est beau ce que vous dites, et puis ici, pluie rude aussi !