Je te mange comme les cerises que j’achète sur le marché, que je cueille sur l’arbre d’un ami, que ma voisine me dépose dans un panier
Je te mange comme les œufs que je casse sur la farine
Je te mange comme l’œuf qui se retrouve par terre, échappé de mes mains maladroites, qui ne veut pas finir dans un clafoutis
Je te mange comme le fouet qui se bloque en attendant le lait
Je te mange comme le lait qui nous laisse des moustaches à faire pâlir Dali
Je te mange comme les grumeaux qui restent si je verse le lait trop vite
Je te mange comme le sucre dont je diminue la quantité pour me donner bonne conscience
Je te mange comme un tas de cerises qui attendent d’être dénoyautées… ou pas
Je te mange comme le four qui est en train de monter en température
Je te mange comme un clafoutis d’abricot quand la saison des cerises est finie
Je te mange comme tous les gâteaux que j’enfourne en me régalant déjà en perspective
Je te mange comme les mercredis où vous vous collez à la table, espérant avoir le plat à lécher
Je te mange comme ce clafoutis que les invités ne gouteront pas parce que je l’ai déjà englouti
Je te mange comme la pâtissière qui regarde le plat vide, légèrement coupable mais très légèrement