Je t’attends comme le réverbère éteint — ampoule cassée il y a longtemps par l’enfant maladroit—
Je t’attends comme tu arrives en voiture et je te dispute
Je t’attends comme je te veille dans le noir comme dans la lumière du jour
Je t’attends comme l’arrêt de bus, je lève la main je veux monter te laisser l’arrêt vide
Je t’attends comme le bus se remplit de passagers qui montent descendent, arrivent partent, poinçonnent fraudent
Je t’attends comme mal garée, pas d’argent pour l’horodateur
Je t’attends comme feu rouge attend vert
Je t’attends comme je roule vite de peur d’avoir trop attendu en regardant les gens traverser
Je t’attends comme je t’appelle lorsque ta silhouette apparaît sous le réverbère
Je t’attends comme le trottoir très étroit encombré de poubelles
Je t’attends comme le banc sur lequel est assis le petit vieux les yeux dans le vide, la canne appuyée contre le genou, la casquette grise sur la tête par tout temps ;
Je t’attends comme j’ai le temps sur le banc pour te faire des promesses de banc
Je t’attends comme une fesse sur le banc et l’autre dans le vide
Je t’attends comme le caniveau mouillé par la pluie, je cumule, me remplis
Je t’attends comme les plaques d’égouts bien fermées sur leur secret
Je t’attends comme les gravillons déversés par le camion englués dans le goudron, écrasés par le rouleau compresseur.