Ca fait deux ou trois jours/semaines que je repense à ce petit truc écrit àlavit’ il y a…vàlà. Je voulais juste le mettre là. Je pensais qu’il était plus…fort que ça, mais bon, ça peut éclairer icioùlà.
Hier je suis tombée sur le poème d’Henri Michaux, « je suis né troué »…il m’a mise en colère, doucement, j’ai eu envie de prendre Henri dans mes bras, et de lui donner une fessée et un baiser. Ci-fait.
Chaumont sur Loire, le 01 Avril 2022
Il y souffle une énergie terrible,
Ce n’est qu’un petit trou entre mes jambes,
Mais il y souffle une énergie terrible.
Petit village de Marennes, tu n’es pas plus pour moi.
J’ai besoin d’horizon, et de mouvements, c’est ma santé.
Une grande ville n’y suffira pas,
Illusion d’une grande consommation d’envies.
Ce n’est qu’un petit trou entre mes jambes,
Mais des lettres terribles y ont été gravées,
Sur les murs, des formules magiques, des incantations, puis finalement quelques lettres au fonds,
Censées con-damner toute évasion.
C’est le mot « Femme », en toutes lettres. Rien de plus, rien de moins.
Tu as été, es et sera.
Voilà les chaînes gardiennes de tout empressement à être.
Et pourtant.
Chaque fois que j’y descends, ou qu’il s’étend à toute ma peau, et avale toute ma vie,
Ce trou, entre mes jambes, chante autre chose. Avec d’autres lettres.
Il chante les possibles, il rit de mes erreurs, me donne d’autres vies.
J’ai cru longtemps devoir arracher les lettres du mur avec mes dents,
Me faisant saigner, hurler, pleurer.
Mais il suffisait de bien regarder, elles ne faisaient qu’en cacher d’autres.
Plus anciennes, qui parlaient une autre langue.
Les chaînes s’effritent un peu plus à chaque fois que je regarde mieux,
Et que je comprends moins.
Car il n’y a rien à comprendre, et c’est déjà tellement,
Qu’il me faudra bien cette vie pour l’apprendre.