Point de départ texte fin de Introspection prop #7
Elle s’inspire de Peter Handke, en reprend quelques expressions
Certes aujourd’hui « je ne suis pas ce que j’ai été »
pourtant au fond de soi ressentir l’inverse comme une permanence de l’essentiel…
Elle est en quête de cohérence et d’unicité cela semble évident elle décide de reprendre son texte de garder les phrases pour les prolonger ensuite les triturer pour en extraire un sens possible tout en mesurant qu’elle en attrapera peut-être un seul parmi une multitude qui lui échappera toujours
Certes « je n’ai pas été ce que j’aurais pu »
avec une meilleure dynamisation des éléments de ma sphère originelle
Elle persiste à être fascinée par son origine et apporte une réponse surprenante elle est anxieuse dans le fond elle regarde son clavier avec calme et gravité un léger tremblement de ses lèvres est pourtant perceptible
Écriture inquiète qui essaie de creuser son sillon comme un laboureur du ciel
Lumière ombreuse qui l’entoure et qui lutte les entraves résistent
Certes « je ne suis pas devenue ce que j’aurais pu devenir »
mais pourquoi cela serait-il mieux !
Toujours ce souci de perfection l’anime vite surmonté esprit d’exigence vite rassasié
Le rêve comme secours le sens de ce qui importe le travail d’écriture s’accrocher aux branches plonger dans le feu expérimenter repérer les couches de sédiments qui la composent
Certes « je n’ai pas tenu mes promesses »
oui bien sûr mais elle en a tenu certaines elle a aimé échapper à celles plus tard désavouées ce n’est pas mal non plus de surprendre et de se surprendre !
Personnes laissées sur le bord de la route pas de lutte pour reconquérir un homme en fuite qui peut-être n’attendait que cela nouvelle histoire à se raconter pour redistribuer les cartes
Certes je n’ai pas tout dit
elle a gardé un jardin très secret qu’elle revisite souvent
lucidité de conservation de sauvegarde d’une image satisfaisante de liberté
Certes je commence à être inquiète de ce que je pourrais découvrir si je continue à écrire
elle panique elle se déstabilise elle ne sait ce qu’elle révèle vraiment elle voudrait garder la maîtrise de son discours elle tremble encore
le dévoilement autobiographique direct ne l’attire pas du tout elle s’interroge sur la façon dont elle pourrait exprimer avec distance sa vie
un visage revient toujours la hante les yeux bleus aussi
dans les arbres dans l’eau qui court les gouttes de pluie les rayons de la lune et du soleil les vibrations nocturnes
Certes vous vous en moquez peut-être
elle veut dire et ne veut pas dire mais craint en même temps le jugement veut retenir l’attention malgré tout
l’invention d’une ville invisible se précise avec tous les personnages décrits depuis plusieurs mois personnages qui se sont imposés comme des marqueurs des indices
Certes je voudrais aller au plus important sans gaucherie
elle s’est éparpillée et tente de se réunifier
l’écheveau se rassemble tous les fils de chaque chemin choisi se dessine tous s’entremêlent se croisent s’irritent ou s’enrichissent
Même les carrefours souvent rencontrés sont tous présents affublés des hésitations des regrets des illusions et des désillusions
Certes je voudrais dire en trois mots l’essentiel
elle tente le tout pour le tout veut faire œuvre de concision en une pirouette qui en reste là dans sa simple énonciation mérite de l’essai
un village de l’Ariège il y a longtemps la vie la tendresse les rires puis la mort la vie la tendresse les rires…
Certes il faut que je m’arrête et que je me calme
je suis à ma table d’écriture je lis ces mots et entrevois ceux de textes antérieurs j’ai essayé d’être sincère j’ai conscience que les images retenues pourquoi précisément celles-ci ont des origines multiples de vrais souvenirs des souvenirs transmis des reflets de l’inconscient des croyances des images surgies de je ne sais où pourtant elles sont significatives dans leur agencement leur mise en scène surgie elle aussi je ne sais d’où.
elle va bientôt laisser tomber le rideau le spectacle est terminé
elle veut encore expliquer s’excuser être plus claire et au plus près de ce qu’elle croit sa vérité
deux images obsédantes une alternative
la présence de ce qui ressemble à mon corps face aux défilés de disparus tour à tour imaginés en momies grimaçantes proches de celles installées dans les catacombes des Capucins à Palerme ou les sosies dans la ville invisible et cosmique attablés dans un banquet de famille et d’amis et dégustant le civet de lapin tout juste arrivé de l’Ariège
tout ce qui s’écrit est une quête sans fin…les détours les oublis les insistances les crispations les envols les images insolites les mirages les douleurs et les peurs tressées avec les sourires et les rires les attachements les rejets…pas de boussole