Il y a une semaine je faisais le constat qu’un personnage n’arrive pas par défaut, avec son « univers » ( le monde physique, la religion, l’air du temps, le passé, l’avenir, le savoir de chacun etc.) dans ses valises, le pourquoi je le laisse au psychologue. Mais en relisant le début d’un certain nombre de romans « CLASSIQUE, de Balzac, Proust à Mauvigner ou Despentes » je me suis rendu compte de l’inverse, à savoir que « l’univers du récit » arrivait très vite dans ces livres, bien sûr l’écrivain soigne ses débuts, et pour le lecteur cette inscription dans « un univers » est confortable (car il peut ajouter ses propres valises et commencer le jeu de miroirs). Mais en fait dans ces romans » l’univers » créé est tout aussi important, si ce n’est plus important que l’histoire, à l’arrivée de cet « univers » du récit le lecteur amène dans son imaginaire tout est monde de résonance possible et l’auteur a lui toutes ces résonances pour créer (les utiliser, ou les distordues, les inverser, etc.), et « l’univers du récit » qui est omniprésent dans ces romans est souvent la matière principale de ces romans et ce qui marque le lecteur. Quand à l’histoire, elle arrive par accident, par le jeu de l’auteur avec ces personnages qu’ils promènent dans cet « univers », alors il tombe sur une histoire, et il nous la raconte, en nous tenant par la main.
Monsieur de La Palice, je vous salue.
Merci pour ce magistral rappel. L’univers et ses résonances, l’histoire comme accident… Je sais pourquoi je suis encore devant mon écran alors que les souffles du dehors m’appellent
Complètement en phase : l’univers créé est essentiel et l’histoire arrive comme par accident
bien d’accord, en peinture c’est pareil je crois, le sujet est souvent pretexte, accessoire . Même pour la peinture dite « classique » et j’écouais ce matin encore Michel Pastoureau parler des romans de chevalerie ( il insiste sur le fait que la langue alors est la romane, comme l’art peut être aussi roman… ) et tout l’univers vehiculé encore depuis Chretien de Troyes ou encore pour les Saints de la Legende Dorée de Jacques de Voragine. Dans le fond l’histoire n’est t’elle pas un genre de collant à mouche, toute défèrence gardée pour le lecteur. D’ailleurs l’enjeu du politique desormais aujourd’hui ne reside t’il plus qu’à nous raconter des histoires toutes plus énormes les unes que les autres afin d’ occulter un univers de foire d’empoigne de plus en plus visible mais que ces énormités auraient pour vocation de masquer ( encore qu’au point où nous en sommes ils s’en fichent, tellement ils ont decidé qu’on était des sans dents des benis oui oui, des crétins des alpes ne meritant même plus le plus elementaire respect )
Je n’avais pas compris la phrase de Stendhal :Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l’homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d’être immoral ! Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir !
Peut-être que s’il avait utilisé l’image d’une partie de ping-pong entre le lecteur et l’auteur je l’aurais compris plus tôt.
On pense comme un jongleur, on devrait penser comme un pongiste.
On devrait penser comme on plonge aussu, avec l’idée de remonter à la surface de temps en temps pour que le souffle ne tarisse pas.
* desole pour les fautes, les touches sont trop petites et en plus de gros doigts …
Je suis un vieux dyslexique, alors je ne sais pas de quelle faute tu parles.
Aujourd’hui on écrit efficace pour être lu.e efficacement. Les histoires , on les veut en prédigéré ou en kit avec notice d’emploi. Des phrases courtes ma chérie, j’ai ping-pong à 13 heures et barbecue ce soir au loto des écoles. Les catégories roman, poésie, récit, nouvelles, essais, pamphlets ont éclaté, chaque auteur.e fait son marché dans les possibilités attirantes. Le livre est un produit hypermanufacturé et il se solde facilement. L’univers à partager est plein d’empilements et de pilonnage. Le livre n’est vivant qu’incarné même s’il s’agit de vieux livres réincarnés par des passeurs de mémoire. Avec le Web, on est libre de lancer les mots en l’air et de ne jamais vouloir les rattraper. Pour l’instant on s’amuse à jongler avec l’univers qu’on ne maîtrise pas davantage. C’est le beurre dans les épinards qu’il faut réinventer, pas le fil , il y a assez de barbelés de par le monde.et les personnages ne sont que des passe-murailles.Cela me rassure un tout petit peu.