J’ai habité un monde qui n’était pas le mien ; un sanctuaire d’idées dans un dédale de souterrains ; j’ai habité un monde qui ne ressemblait à rien ; un éternel retour ; un recommencement sans fin ; j’ai dit le jour ; j’ai pensé la nuit ; derrière la fenêtre d’un train j’ai vu passer un cri ; un siège rayé ; une mémoire sans alibi ; j’ai écouté les portes pour cerner l’oubli ; les sièges défoncés ; les néons vert ; la pluie ; J’ai habité des pièces vides et des rêves brisés ; des halls de gares ; des bars ; des endroits désaffectés ; j’ai compris les tables en bois et les rideaux râpés ; le contre temps d’un vernis qu’on aurait écaillé ; J’ai habité des lieux perdus ; des places ; des statues ; des rues ; comme des villes presque au hasard ; j’ai habité un bitume illusoire.