1- Orly Aéroport
C’est comme dans une gare avec les trains en attente, je me demande toujours ce que font ces avions égarés en bout de piste ou sur les bas-coté, près de hangars en état d’abandon manifeste ? mon ami, petit ami d’antan m’attend, va-t-on se reconnaître ?
2- Nous filons Bois de Vincennes
Petit pré devant ce que j’imaginais être un château, aux volets fermés dans lequel j’ai rangé pelle-mêle mes souvenirs d’enfants, que j’ouvre comme des paupières closes.
3- Métro Oberkampf
Un souffle chaud ébouriffe mes yeux quand je sors, protégée de la pluie par cet édicule de la belle époque, la rue de Crussol m’entraîne vers de vieilles amours perdues et retrouvées. Amour de jeunesse éternelle…
4- Cours Complémentaire
Complémentaire à quoi, je n’ai jamais compris… Peut-être pour ce qu’on appelait les cours d’Arts Ménagers : faire de bonnes épouses à la maison ? Je ne reconnais pas l’entrée plus moderne grilles et béton. Impression carcérale…
5- Bataclan
Il a fait la une des journaux en 2015… Dans un local juste au-dessus, j’ai vécu ces précieuses années de petite fille. Des jeudis et des dimanches de jeux, de danses et de franche camaraderie, je me demande ce qu’est devenu le trou dans le plancher qui nous laissait guigner la salle de cinéma.
6- Camille Crespin du Gast
Je ne savais pas encore que la rue de mon enfance était le nom prédestiné de la pilote de course nommée « l’Amazone aux yeux verts », j’y ai laissé un sein. Et la môme Piaf a habité, son appartement près du nôtre. C’était avant la guerre. Avec ma complice Colette nous nous sommes enfin retrouvées
7- Notre salle de la rue du Général Lassale
Aujourd’hui résidence protégée par un portail à code c’est le progrès de l’angoisse programmée. Vieux plancher poussiéreux et déglingué sur lequel nous pirations sans peur et sans reproche. En plein quartier « arabe » comme disaient les grands. Un genre de camp de réfugiés en plus humain.
8- Rue de la Bidassoa
Quartier pauvre et délabré de mon école dite Cours commercial et cette vieille peste de dirlo jalouse de notre jeunesse adolescente, son fantôme traîne encore dans le coin, son purgatoire c’est le trottoir.
9- Roissy aéroport
Pour ne pas rompre le sortilège nous faisons avec mon fiancé d’hier et d’aujourd’hui, un tour sans repasser par les mêmes cases, laissons l’histoire d’hier pour une réalité de l’instant à inventer.