Je suis invité. Je suis invité à. J’ai reçu une invitation carte m’invitant à. Une carte postale, timbrée, timbrée d’ailleurs, adressée à. C’est une carte de Grèce, une carte de la Grèce, enfin. Ce n’est plus une carte à jouer, non c’est une carte de tout la Grèce dans une seule carte postale car elle vient de Grèce, en passant par, elle est sûrement passée par lui, par Paris pour arriver ici venant de là, par Athènes, par Paros, par Argos, Kéa, Cos, Khytnos, Katos, Kaméni, Paléa Kaméni, Néa Kaméni, Naxox, Xos, Kéros, Tarkos. Elle est tamponnée Tarkos. J’ai reçu une carte de Tarkos. Tarkos m’invitait. Il m’invite cette fois. Il m’invite encore, il m’invite encore cette fois. Vite comme chaque fois, mais rien. Il était. J’étais. J’étais invité. J’étais invité d’une carte postale de Tarkos, une carte qu’il m’avait à posté, à moi, pourquoi moi, pour voir, pour faire un tour, un grand détour, par Tours où je suis, en Loire, un dernier détour mais sans détour cette fois, direct à l’Acropole, une carte postale de l’Acropole comme il en existe mille et une seule Acropole, accroche-toi à l’Acropole, l’Acropole ça grimpe, et sur la photo de la colline avec la ruine en haut à grimper gribouille au bic, il a dessiné debout les bonhommes Tata, Toto, et Titi qui remontent la pente, et Tete, et Tutu, Titi qui est déjà dessus, sur la frise, dans la frise, enfin là où était la frise. Titi c’était moi. Quand j’étais petit, enfin comme quand j’aurais été petit si j’étais allé avec lui Tata, Toto, Tete, Tutu, et lui sur l’Acropole, si je n’avais pas été carté, écarté, écartelé, castré, encastré, dans la frise, dans la phrase, j’y serais allé, alors sujet, objet, compliment d’objet sur la carte de la Grèce, sur la carte de Tarkos qui me dit de venir, vient, vient t’inviter, s’inviter, invite-toi, et tu n’es plus, tu ne le seras plus si tu viens. Pas de trou dans cette carte postée qui m’invitait à. Au dos de la carte, il n’ y avait pas d’autre photo, il m’invitait à, manuscritement à, m’invitait à tenter, m’invitait, invité, indubitablement invité à, à me dire de venir, vient, ta carte d’invité, ta carte d’identité, ton passeport perdu sur la plage, c’est pas une carte à trou, pas une carte à pointer, ce n’est pas une carte à jouer à qui perd gagne et tout le monde perd, car une carte invité, envoyé, reçu ton invitation, invité de tout côté, des deux côtés, des deux côtés de cette carte car les deux côtés d’une même carte m’invitent à, pour une invitation pour deux, une invitation c’est pour deux, l’un qui invite l’autre invité à, viens, va lui répondre, oui, timbré, à timbré, tembrer, remembrer sur la carte et le paysage, ton visage, je vais t’écrire, tu m’invites à t’écrire, je vais t’écrire car, par toi, Tarkos, tu nous manques, je savais pas, je sais, merci la carte, merci la carte, merci la carte, merci de ta carte, merci de m’avoir invité à écrire. Pan
beau choix, avec figure d’écriture en abîme (les cartes postales de Perec en ghost artist)
Chouette invitation 🙂 (et je suis allée chercher Tarkos dans maps au cas où 😉)
Un texte que j’aimerais entendre en lecture à voix haute. Et puis j’aime les cartes postales, des cartes qu’on ne s’envoie plus, qui me rendent un peu nostalgique. Merci.
Ah oui. Je voudrais aussi lire d’atelier à haute voix. Invitez-moi à le faire en zoom. Merci Martine.