Pourquoi cette insistance insinuation que Ndak n’existe pas ? Ndak existe autrement. Comme la silhouette d’Amadou Hampâté Bâ, la nuit, en haut de la façade du 12, rue Saint-Urcisse. Elle existe autrement. Soixante-dix-sept après, les morts existent par l’écho des questions auxquelles ils n’ont jamais vraiment répondu. Un cimetière, c’est fait pour ça. Pas pour recueillir des corps. Pour donner le temps à la résonance. Aussi, ne cherchez pas le cimetière de Ndak, écoutez…
Charles demande à Jean si son désir inextinguible de voler valait celui d’atterrir un jour plus profondément que les mots qui se disent juste pour faire de l’ombre au silence.
Amadou demande à Tierno si la sagesse dont il a été un pourvoyeur infatigable peut se prendre aussi avec les dents.
Aline demande à Astou si sa marmite qui a toujours vaillamment fait brblbrblbl n’a pas fini par entrer dans sa tête et faire exploser sa tendresse de mère qui avait rêvé qu’un fils guerrier aurait le temps de donner un jour figure à un beau suwer.
Diénéba demande à Pierre et Jean si le prix de l’aspirine qu’ils ont vendue peut racheter leur honte non pas d’être un jour partis mais d’être arrivés surtout pour prendre.
Pierre demande à Charles s’il est en son pouvoir de faire revenir le passé, Jean se tait.
Jean demande à Diénéba si elle a un jour rêvé d’un homme qui n’aurait pas été le choisi de son père ni même celui qui aurait été à la hauteur de sa propre fierté.
Astou demande à Amadou si les costumes neufs s’emportent au-delà de la mort.
Tierno demande à Aline de pardonner aux hommes, de toutes les couleurs.
Magnifiques dialogues des morts.
Merci Philippe !
Texte remuant et interpellant. Merci