- Prenons un personnage A. se déplaçant en surface pour rejoindre la station de métro. Une fois dans la rame, le déplacement de celle-ci dans la direction choisie a pour effet de reconstituer par son mouvement même tout l’espace, toute la profondeur de la terre sous les pieds du personnage, marcheur inconscient du sous-sol vibrant sous ses pas. Le voilà à deux points distants verticalement d’une dizaine de mètre, circulant dans des directions peut-être opposées et, qui sait, croisant à quelques minutes d’intervalle sa propre route.
- Un double escalier hélicoïdal connecte le plafond et le sous-sol du centre commercial et les 4 étages disposent chacun d’une entrée et une sortie sur l’escalier. Une vue en coupe de ce dispositif montrerait les personnes monter et descendre sur deux axes implacablement séparés par une rampe; carillon moderne où chacun tourne sur son rail, se fait face brièvement avant de bifurquer vers son destin de montée ou de descente.
- Tout est fait pour que la colonne de « voyageurs » n’ait aucune conscience du volume dans lequel elle se meut. Un énorme cube où serpente un circuit à travers des alvéoles meublées. Hypnotisés par la ligne jaune qu’ils suivent comme un rail, les petits groupes d’humains déambulent en semi-liberté pour un trajet où tous les détails ont été pensés pour eux. Vue d’en haut les essaims qui visitent les alvéoles se remplissent et se vident à vitesse constante.
On dirait du Beckett du XXIe siècle. J’aime beaucoup. Bravo !