Mousse amassée dans la lumière, autour l’ombre massive d’où émergent des formes éparpillées aux couleurs de pain brûlé, le corps qui se ploie à cet appel . Arrêt du regard pour répercuter toutes ces épines vertes où l’enfance s’est piquée mais tout est toujours recommencement. De la mousse à l’opercule de ciel en surplomb une ascension de frissons.
Les troncs horizontaux étalés sur le sol et happés par les mousses, longs corps chevelus où s’épaissit l’oubli de ce qui fut, des vivants morts encore un peu vivants qui tapissent la terre. Union d’où naissent des frôlements de formes, des sceaux de songes, et de longs suaires d’ombres. Tentacules fuyantes sur une houle de mousse.
Et toujours et encore sur les fûts élancés les écorces creusées par des visages flous. Un menton, un nez, le sourire d’une bouche tout se met en place, se dessine s’affiche et se détache. Tout est suspendu vers un rêve dont on ne sait que l’épaisseur du trait et la rugosité des ombres mais qui laisse un instant interdit.
Puis l’œil s’enfonce, délire dans les strates d’un tronc déchiqueté, écartèle failles et fissures comme s’il cherchait à lire entre les jeux d’ombres et de lumières un avenir ou la pulsation d’une vie qui s’échine vers ses derniers instants. Il caresse le relief de ce corps qui s’ouvre, un dedans-dehors qui bouge encore. A l’intérieur, des voix s’évaporent.
Et puis, comme on lève les yeux du livre, se sortir des scories et des plaies, se glisser dans ce peu de jour, un goût d’inachevé éventant les lèvres. Pénétrer cette chambre de vision, déposer dans ce tabernacle de lumière le fardeau du devenir, ce qui bouge encore en soi. Cela s’ouvre encore un peu quand le regard s’avance.
on ressent toute l’importance des photos… textes cachés dans la mousse… merci Solange…