Les lignes de la ville à filer tout autour, tout en dessous, tout au-dessus. Bandes blanches ou jaunes sautillent sur l’asphalte dans leur course avec les câbles aériens qui fusent, croisent les surfaces plates des panneaux rectangles blancs, bleus, verts ou oranges. Le staccato des lampadaires et des péages.
Le bloc masse bleu sombre file sur le côté. Gratte-ciel rectangles plantés vertical. Vitres aux façades lisses renvoient éclats de verre du soleil, écorchent le regard. Image vibre dans la lumière, agitée comme par tremblement de terre continu. Le nuage flou des gaz aimanté par les flèches au sommet des tours.
En contrebas, derrière les lames argentées des glissières de sécurité, blocs trapus, gris et pales des entrepôts. Comme embusqués, prêts à sauter sur l’autoroute. Pas mal de camions perpendiculaires à cul. Aussi, les cheminées à couper vertical le lointain et, intercalées, les bandes blanches à grandes lettres noires des cuves à hydrocarbures. Parfois, la tache de gris d’un rassemblement d’arbres crochus.
Collées les unes aux autres, de chaque côté de la rue, les longues vitrines multicolores des boutiques avec, au-dessus, les fenêtres des logements. Petits immeubles gris de la ville. Toujours la verticalité de la signalisation mais, on est plus près des bords. Alors, aussi la verticalité des silhouettes. Parfois, d’un côté ou l’autre, la bouche sombre d’un axe perpendiculaire qui s’ouvre.
Groupés en retrait du grand axe, il faut venir exprès, les lots de pavillons. Les plus cossus à distance bien bourgeoise les uns des autres. Les plus petits, plus frileux, font bloc sur la plaine. Ils ont peur des corbeaux. Tous ont toit sombre et façade claire posés sur pelouse avec parfois carcasses de barbecue ou balançoires, derrière haies grises avec chien souvent.