De l’autre côté de la grille de l’hôtel ils se grappent, se bousculent pour être dans la boîte, l’homme blanc tient l’appareil et rangera la photo, au retour, dans un album où des enfants souriants, pauvres et vivants se grappent après s’être bousculés dans une ambiance de fête, les souvenirs en boîte et l’herbe si épaisse et si verte devant l’hôtel, les fossés de terre orange créés par les torrents nés des pluies violentes lorsque c’est la saison.
La maquette de The Pearl à Doha, sur les lieux-mêmes du futur enfer. Vous pouvez admirer les îles artificielles et les courbes autoroutières, les trois marinas crées ex-nihilo, les plages privées et les deux millions de mètres carrés destinés aux boutiques, aux restaurants et aux espaces récréatifs. Avancez. Le pantin en chemisette traverse pour rejoindre une femme sur un yacht. Elle lui fait un signe du bras en souriant. Une famille de robots prend un drink à la terrasse d’un bar. Sur la Riviera, vous pourrez facilement vous garer. Le panoramique musical plonge vers un petit réseau de canaux et de ponts vénitiens en carton-pâte. Vous ne rêvez pas : promenade en gondole possible avant de faire des ronds sur la patinoire de la galerie pharaonique ! Climatisation et vent chaud pour le pire et le pire.
Un bloc de temps perdu, des couloirs tout autour d’une sculpture, heures de colle, heures de cours, longs après-midis de foyer et permanence obligatoire sauf pour ceusses qu’ont un mot dans leur cahier de correspondance. Les canalisations répandent leurs bruits minuscules et leur peinture écaillée se retrouve d’une salle l’autre, anglais, français, espagnol, histoire-géographie, mathématiques, arts plastiques… Faites-y le tour pendant quatre ans. Deux escaliers seulement permettent d’accéder au rez-de-chaussée, où le CPE (dans une vidéo qu’on trouve sur le site Internet du collège) explique à un élève de 4° comment mettre en page un dossier de transdisciplinarité afin d’obtenir un stage en entreprise.
La piscine ouvrira en 2020 mais déjà elle fait briller les yeux avec ses toboggans tortueux, les plongeons futurs rejaillissant en rires sonores, les bains de soleil, les parties de ping-pong en maillot de bain avant d’y retourner, le jacuzzi et les lignes d’eau du bassin qui sera olympique. A l’accueil, la dame remet le billet bleu dans un sourire qui donne la banane. L’eau est dans l’air. Les verrières sont embuées à point. Les toilettes propres. Le pédiluve accessible aux personnes à mobilité réduite. Point de cheveu qui traîne. Le restaurant offre des plats simples mais exemplaires d’un point de vue diététique. Il convient d’en saliver.
Le parallélépipède qu’on appelle le bac à compost, en bois avec deux planches sur le devant comme des trappes où évaluer le trésor, avec un couvercle grossièrement fixé sur le dessus, par où l’on domine et évalue là aussi la qualité de la décomposition, le parallélépipède au fond du jardin où jamais des chauves-souris n’ont plongé quand en plein été il reste ouvert, mais des plongées de chauves-souris cela pourrait s’imaginer tant il y a de moucherons, le parallélépipède que le chat utilise pour grimper au pommier, le parallélépipède où œuvrent les vers, à l’horizontale, à la verticale, obliquement et même circulairement dans une danse rapide, grouillent les vers, ce parallélépipède il est si puissant ! Il est le présent pur, le tissage du passé et de l’avenir, nœud expert, mort graciée, pure possibilité, réunion du tangible, du plus et du prochain, pure puissance.
J’ai lu et découvert vos boîtes avec beaucoup de plaisir, c’est concis, précis et variés!. Il fallait y penser à ces différentes boîtes, j’ai aimé l’idée des maquettes, des projets en carton pour finir par le compost, sa vie sous-terraine bien réelle après les photos et les maquettes. Merci
Merci pour votre lecture !