De Navet, linge, œil-de-vieux (Jacques Jouet) : le temps qui passe et ratatine, le navet surtout. Les variations, l’épuisement du sujet, aller jusqu’au bout et tout tenter pour garder la trace de ce qui, sans les mots, aurait été oublié.
D’Exemplaire de démonstration (Philippe Vasset) : le tour de force, malin, et l’impossibilité qu’il y aurait à continuer à raconter des histoires, et quoi faire alors avec les mots, et de sa propre histoire, même, inracontable. Se dire que tout cela n’est peut-être pas dans le livre, si le livre existe.
D’Oreille rouge (Eric Chevillard) : l’écrivain raté qui enquête et ne trouve rien dans le réel qui réponde à l’histoire qu’il s’était raconté. Un monde vierge d’histoires, vide de sa faune, sans relief, et des carnets de notes sans intérêt aucun dont il sera impossible de faire un livre. Restent les mots, peut-être. Encore.
De Les Pédicures de l’âme (Pierre Dac) : la bonne grosse farce est dans l’absurde absolu d’un monde sans queue ni tête. Des fulgurances, et peut-être injustement trop peu de place dans l’histoire du burlesque, de l’absurde tout entier dévoré par des rhinocéros, une cantatrice chauve, un dieu qu’on attend assis sur une scène où rien n’arrive. Il faut prendre les pédicures au sérieux.
Des Exercices de style (Raymond Queneau) : la découverte des multiples façons de dire un presque rien et qu’écrire c’est juste choisir la bonne. Comme une révélation. Et regretter la fin des impériales.
De La Disparition (Georges Perec) : que le dispositif aussi ne fait pas tout, mais beaucoup, et que ce qui manque, parfois, c’est juste un silence qu’on aurait pu partager, mais non. Et que cela empêche beaucoup, mais qu’on arrive à raconter, malgré tout.
De Oui-Oui et la gomme magique (Enid Blyton) : que la phrase peut gommer le réel sans rien mettre à sa place. Il faudra d’autres héros pour ne pas lutter contre, mais premier émerveillement.
C’est central dans ton travail la disparition, l’effacement ?
Disons qu’à force d’y regarder, sans doute. L’absurde en tout cas, oui. Mais j’ignore si on peut parler de « mon travail »…
Ton œuvre ?
Je n’irais pas jusque-là…
ta besogne
Ma besogne ? C’est bien, ça…
C’est sûrement dans des listes comme celle-ci qu’on affirme le plus son identité, sa particularité, son ambition. C’est passionnant de découvrir ces différences, et on découvre aussi des auteurs et des textes.
C’est vrai que l’exercice est étonnant par le dévoilement et la prise de conscience …ses répercussions sur le projet d’écriture.
Oui, pour ça que j’ai gardé pour moi la première liste, c’était trop…
La sympathie et la chaleur de l’ensemble… un beau feu de broussailles jusqu’au petit matin
Je n’avais rien compris à la vidéo et je me suis dit, Sébastien aura sûrement déjà mis en ligne quelque chose et cela m’aidera… Bingo ! Plus que éclairant, ton texte. Des phrases qui résonnent. Celles que tu écris à la suite des trois derniers auteurs. Tu supprimes les références à eux, c’est vraiment intéressant. A donner envie d’aller revoir du côté de Oui oui ! 🙂 Merci
Rien à dire d’autre que cela m’éclaire sur Sébastien Bailly ! Merci pour la découverte (de l’homme, certes !) mais aussi de ces lectures. A vous lire encore !
Je ne connais pas tous les auteurs cités mais le texte donne très envie d’aller voir. J’ai lu cet »inventaire » comme un document sur un travail en cours.